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L’étude récente publiée dans le journal scientifique PLOS ONE présente une avancée majeure dans notre compréhension de l’ingénierie égyptienne ancienne. En s’appuyant sur les dernières découvertes archéologiques, les chercheurs ont mis en lumière un système hydraulique sophistiqué utilisé lors de la construction de la pyramide à degrés de Saqqarah. Cette découverte révèle l’utilisation ingénieuse de technologies hydrauliques qui ont permis de transporter et de positionner les matériaux de construction de manière efficace. Cette nouvelle compréhension pourrait bien transformer notre vision des méthodes de construction des pyramides, soulignant le niveau avancé de savoir-faire technique des anciens Égyptiens.
Le barrage de Gisr el-Mudir : un chef-d’œuvre technique
Le barrage de Gisr el-Mudir, d’une longueur impressionnante de près de 2 kilomètres, constitue l’une des découvertes les plus fascinantes de cette étude. Considéré comme la plus ancienne structure en pierre monumentale au monde, ce barrage servait de piège à sédiments, offrant ainsi une protection contre les inondations torrentielles du plateau de Saqqarah. Son design géotechnique avancé témoigne d’une tradition technique ancienne qui précède de loin la construction du barrage lui-même. Le barrage, construit entre deux flancs de vallée, était essentiel pour réguler et filtrer l’eau, assurant ainsi un approvisionnement stable et purifié.
Les analyses topographiques menées en aval du barrage ont révélé l’existence potentielle d’un lac intermittent, qui se connectait au fossé géant entourant le complexe de Djoser. Cette hypothèse a été confirmée par des études géophysiques et sédimentaires réalisées par d’autres équipes de recherche européennes. Ces découvertes soulignent l’importance de la gestion de l’eau dans l’architecture et l’ingénierie égyptiennes antiques.
Une installation de traitement de l’eau ingénieuse
Dans le sud du fossé entourant le complexe de Djoser, les chercheurs ont découvert une excavation monumentale connue sous le nom de « Tranchée Profonde ». Cette structure, de 400 mètres de long et de 27 mètres de profondeur, a été identifiée comme une installation de traitement de l’eau sophistiquée. Composée de plusieurs compartiments successifs, elle intègre toutes les caractéristiques techniques d’une installation de purification de l’eau.
Les compartiments de la tranchée profonde fonctionnaient comme un bassin de sédimentation, un bassin de rétention et un système de purification de l’eau. Ensemble, le barrage de Gisr el-Mudir et la tranchée profonde formaient un système hydraulique unifié qui améliorait la pureté de l’eau et régulait le débit pour des usages pratiques et vitaux. Cette découverte met en lumière l’ingéniosité des anciens Égyptiens dans la gestion et l’utilisation de ressources hydrauliques pour soutenir leurs projets architecturaux ambitieux.
Un ascenseur hydraulique : une méthode de construction révolutionnaire
La découverte centrale de cette publication scientifique réside dans la mise en évidence d’un mécanisme d’ascenseur hydraulique intégré à l’architecture interne de la pyramide à degrés de Saqqarah. Les chercheurs ont démontré que l’eau traitée à partir de la Tranchée Profonde était transférée dans des conduits souterrains situés sous la pyramide de Djoser. Ces conduits, d’une longueur de 7 kilomètres, restaient jusqu’à présent inexpliqués.
Grâce à ce réseau hydraulique, l’eau était guidée vers le puits central sous la pyramide, permettant, par des cycles de remplissage et de vidange, de soulever une flotte transportant des pierres. La pyramide de Djoser aurait ainsi été érigée de manière volcanique, avec des matériaux de construction convergeant vers son axe central. La découverte que le système de bouchon au fond des puits n’était pas le sarcophage de Pharaon Djoser, mais un mécanisme d’ouverture/fermeture hydraulique, est particulièrement surprenante. Ce mécanisme, agissant comme un robinet, a joué un rôle crucial dans la construction de la pyramide en permettant à l’eau de remplir le puits principal.
Les implications pour l’avenir de la recherche
Cette étude ouvre une nouvelle voie de recherche pour la communauté scientifique, en remettant en question les récits historiques établis sur la construction des pyramides égyptiennes. Elle suscite une curiosité renouvelée quant au niveau de connaissance technique des architectes de l’époque, dépassant les estimations précédentes. De plus, elle soulève des questions fascinantes concernant l’emplacement potentiel de la tombe de Pharaon Djoser, suggérant que le système hydraulique aurait pu être utilisé pour l’inhumer au cœur de la pyramide.
Cette découverte met en lumière l’importance de la recherche interdisciplinaire et de la collaboration entre différentes équipes de recherche pour élucider les mystères anciens. Quelle autre structure architecturale de l’Antiquité pourrait bénéficier d’une réévaluation similaire à la lumière de ces nouvelles techniques de recherche ?
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Wow, un ascenseur hydraulique dans une pyramide ? Les Égyptiens étaient vraiment en avance sur leur temps ! 😮