L’Afrique mise sur l’hydroélectrique

Côte d’Ivoire, Cameroun, Éthiopie, Rwanda, Tanzanie, Burundi… Nombreux sont les pays africains à investir dans cette énergie renouvelable qui a de l’avenir. Une stratégie audacieuse du point de vue économique et responsable sur le plan environnemental.

 

En 2015, la Banque africaine de développement (BAD) regrettait que « seulement 5 % du potentiel hydroélectrique de l’Afrique [était] utilisé ». Une situation que le président ivoirien, Alassane Ouattara, qualifiait d’« inacceptable » alors même que l’accès à l’énergie est l’une des préoccupations majeures sur l’ensemble du continent, rapportait Jeune Afrique.

Or, en inaugurant le gigantesque barrage hydroélectrique de Soubré (dans le sud-ouest du pays), le chef de l’État ivoirien montre que son gouvernement est décidé à respecter les engagements pris par la Côte d’Ivoire en matière environnementale.

« Notre pays s’est engagé en 2015, dans le cadre des accords de Paris sur le climat, à réduire à l’horizon 2030 ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % », a rappelé Alassane Ouattara lors de la cérémonie d’inauguration du barrage de Soubré, le 3 novembre.

Avec ses quatre turbines, cette immense construction de 4 km sur le fleuve Sassandra doit produire 275 mégawatts (MW) d’électricité par an, qui s’ajouteront au réseau actuel de 2 000 MW. Le barrage augmentera ainsi la capacité de production du pays d’un peu plus de 10 %, ce qui constitue une étape considérable dans l’objectif que s’est fixé la Côte d’Ivoire de doubler sa production actuelle d’électricité d’ici 2020 (à 4 000 MW).

 

Stratégie continentale

Ambitieux ? Sans doute. Mais certainement pas irréfléchi. Comme le rappelle Le Monde, la première puissance économique d’Afrique de l’Ouest « s’est engagée dans la reconstruction de son réseau électrique depuis la fin de la crise postélectorale meurtrière de 2010-2011 ». Les autorités ivoiriennes prévoient d’investir près de 16 milliards d’euros dans le secteur de l’électricité d’ici 2030, une somme en grande partie financée par le secteur privé.

Les travaux de Soubré ont quant à eux coûté plus de 331 milliards de F CFA (environ 500 millions d’euros) et ont été financés à 85 % par la banque d’import-export chinoise Eximbank.

La Côte d’Ivoire n’est cependant pas le seul pays africain à miser sur l’hydroélectricité. Et pour cause ! Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’énergie des fleuves et des rivières pourrait apporter au continent quelque 300 GW d’électricité, « soit l’équivalent de ce que peuvent produire 300 réacteurs nucléaires », selon les estimations de Jeune Afrique.

Au Cameroun, la firme américaine Hydromine est en voie d’investir 3 milliards de dollars dans la construction du barrage hydroélectrique Grand Eweng, à 200 km de Yaoundé. D’une capacité de production de 1 800 MW, ce barrage permettra à l’État camerounais de gagner une énorme sécurisation de son secteur électrique.

L’accroissement de l’offre énergétique est en effet « une priorité du gouvernement, qui a lancé plusieurs projets d’infrastructures de production et de transport », souligne le média marocain Le360.

 

Investissement d’avenir

En Éthiopie, l’inauguration en décembre 2016 du barrage hydroélectrique le plus haut d’Afrique a marqué les esprits. Haut de vingt-quatre mètres, Gibe III doit atteindre une production de 1 870 MW et doubler ainsi la fourniture en électricité du pays. Situé à 350 km au sud-ouest d’Addis-Abeba, il fait partie d’une série de barrages hydroélectriques en cours de construction le long de la rivière Omo.

En République Démocratique du Congo, pas moins de 200 sites ont été répertoriés et plusieurs chantiers déjà lancés. Les travaux de construction de la centrale hydroélectrique sur les chutes de Rusumo, à la frontière entre le Rwanda, la Tanzanie et le Burundi, ont commencé en mars. Composée de mini-barrages au fil de l’eau sur la rivière Kagera, la centrale de Rusumo permettra aux trois pays de se partager 80 MW d’électricité.

D’autres projets sont à l’étude sur le continent, dont le potentiel en énergie hydraulique est parmi les plus élevés du monde, avec ceux de l’Asie et l’Amérique latine. C’est une excellente nouvelle pour l’Afrique et pour le monde.

L’énergie hydraulique est en effet puissante et prévisible. Utilisée comme énergie de base d’un réseau électrique, elle permet d’éviter les délestages ou d’alimenter plus aisément des industries et des mines. Elle ne nécessite pas de combustibles, ce qui en fait une des énergies les plus respectueuses de l’environnement.

Il s’agit, en bref, d’un investissement d’avenir et d’une bonne stratégie aussi bien sur le plan économique qu’environnemental.

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