Tabac : la prévention reste sans effet

Depuis plusieurs années, les gouvernements se sont lancés dans une lutte compliquée contre le tabagisme, sans véritable succès. La Cour des comptes doit présenter aujourd’hui aux députés, le bilan très mitigé des politiques de santé publiques qui se sont succédées en France.

Depuis plus d’une dizaine d’années, les politiques de santé publique se succèdent pour tenter de  réduire la consommation de tabac des Français. Images chocs, augmentations successives des prix, interdiction de fumer dans les lieux publics… Mais selon le bilan dressé par la Cour des comptes, et présenté aujourd’hui aux députés, toutes ces mesures n’auraient eu au final qu’un effet très limité sur la consommation de tabac.

Selon ce bilan dévoilé aujourd’hui sur le site Europe 1.fr, les Français fumeraient en effet toujours autant. Après une légère baisse constatée il y a quelques années, la consommation de tabac a retrouvé son niveau d’avant, avec un Français sur trois qui s’adonne à cette mauvaise habitude. Seul changement, la composition du groupe des fumeurs qui comptent désormais plus de jeunes et de femmes.

Selon les derniers chiffres publiés, 45,3% des fumeuses quotidiennes, fumeraient plus de 20 cigarettes par jour! Et tandis que les prix flambent, les plus pauvres fument de plus en plus. Conclusion, le tabac est encore à l’origine  de près de 73.000 décès par an.

Des mesures peu dissuasives

Selon la Cour des comptes, cet échec des politiques de santé publique s’explique par le manque de moyens accordés à la lutte contre le tabac mais également par des mesures dissuasives qui au final ne le sont pas. Tandis que les buralistes sont censés ne pas vendre de tabac aux mineurs, aucun mineur ne rencontre de difficulté pour se fournir. Quant à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, comme dans les bars ou les restaurants, cette mesure a été largement contournée, notamment  par la mise en place de terrasses couvertes accueillant les fumeurs.

Pour la Cour, l’augmentation des prix reste toutefois la mesure la plus dissuasive, associée à un paquet totalement neutre. « Augmenter les prix est la seule mesure qui produise des effets », précise-t-elle dans son bilan. Il faut également s’adresser en priorité aux jeunes, en ciblant les messages de prévention. Mais le plus paradoxal reste que le tabac rapporte avant tout à l’Etat. 80% des recettes liées au tabac reviennent dans les caisses de l’Etat, soit environ 15 milliards d’euros par an.

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