Climat : l’Académie des sciences derrière le GIEC

Dans le débat devenu houleux en France entre les pros GIEC et les climato-sceptiques, l’Académie des Sciences avait été saisie il y a quelques mois par Valérie Pécresse, pour apporter sa lumière sur cette épineuse question. Les scientifiques français viennent de remettre un rapport qui affirme que l’augmentation du réchauffement climatique constatée est « principalement due à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère », soutenant implicitement la thèse du GIEC.

Saisie par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’Académie des sciences vient de publier un rapport qui ne passe pas inaperçu. Le débat, « très riche et de haute tenue scientifique » a porté sur les méthodes de prévisions climatiques. L’Académie souligne qu’il a permis de « confronter les différents points de vue, de dégager des points de convergence et d’identifier les divergences et incertitudes ». Ce rapport est « le point de départ d’une réflexion qui sera prolongée ultérieurement » affirment les académiciens.

Dans la lignée du GIEC

Porté notamment le tonitruant Claude Allègre, par ailleurs membre de l’Académie des sciences, le courant des climato-sceptiques s’est fortement exprimé depuis plusieurs mois en France, remettant en question les conclusions consensuelles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). S’il y a eu débat, l’Académie s’est globalement placée dans la ligne du GIEC, en votant à l’unanimité pour ce rapport.

Membre de l’Académie, Claude Allègre a confirmé avoir voté les conclusions du rapport remis hier à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Aux vues du contenu de ce texte plutôt consensuel, c’est un petit renoncement pour l’ancien ministre de Lionel Jospin qui tirait il y a encore peu à boulets rouges sur la thèse du GIEC.

Si les académiciens reconnaissent que « les mécanismes pouvant jouer un rôle dans la transmission et l’amplification du forçage solaire et, en particulier, de l’activité solaire ne sont pas encore bien compris », ils la relativisent. « L’activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période » affirme l’Académie, contredisant au passage la thèse de Vincent Courtillot.

Rapport de « compromis » pour Vincent Courtillot

Pour Vincent Courtillot, géophysicien, membre également de l’Académie des sciences et considéré également comme climato-sceptique, ce rapport est un « compromis ». Interrogé par Audrey Pulvar sur France Inter, le directeur de l’Institut de physique du globe de Paris s’est dit plutôt satisfait de ce rapport qu’il aurait également signé s’il avait pu être présent lors du vote.

Pour ce proche de Claude Allègre, l’Académie a reconnu que des thèses scientifiques même minoritaires, avaient leur place, et vient de publier un « compromis raisonnable ». Le spécialiste français des grandes profondeurs trouve dans ce rapport « 12 points d’accord, et 8 points de désaccord », soulignant au passage que « la science ne se vote pas ».

Malgré sa position globalement dans la lignée de celle du GIEC, l’Académie souligne l’existence d’incertitudes sur la question climatique. « Des incertitudes importantes demeurent sur la modélisation des nuages, l’évolution des glaces marines et des calottes polaires, le couplage océan?atmosphère, l’évolution de la biosphère et la dynamique du cycle du carbone » précisent les scientifiques français.

Renforcer le débat interdisciplinaire

Mais l’Académie considère que « les projections de l’évolution climatique sur 30 à 50 ans sont peu affectées par les incertitudes sur la modélisation des processus à évolution lente ». Ces projections sont particulièrement utiles pour répondre aux préoccupations sociétales actuelles, aggravées par l’accroissement prévisible des populations.

L’évolution du climat ne peut être analysée que par de longues séries de données, à grande échelle, homogènes et continues. Les grands programmes d’observations internationaux, terrestres et spatiaux, doivent être maintenus et développés, et leurs résultats mis à la libre disposition de la communauté scientifique internationale.

Le caractère interdisciplinaire des problèmes rencontrés impose d’impliquer davantage encore les diverses communautés scientifiques pour poursuivre les avancées déjà réalisées dans le domaine de la climatologie et pour ouvrir de nouvelles pistes aux recherches futures.

Pour en savoir + : Rapport « Le changement climatique » (pdf)

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