L’énergie solaire subit un nouveau coup de froid

Véritable eldorado il y a encore peu, l’énergie solaire est désormais une filière à risques, victime répétée des coups de rabot du gouvernement sur les tarifs de rachat de l’électricité. Ils baisseront de 12% à partir du 1er septembre prochain pour les nouveaux projets.

C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. La dynamique du Grenelle de l’environnement devait dynamiser une filière solaire hexagonale longtemps atone par rapport à nos voisins notamment allemands et espagnols. Il semble bien que le gouvernement n’avait pas anticipé l’engouement actuel des Français pour le soleil et ses juteux revenus tarifés et garantis.

L’effet d’aubaine des tarifs de rachat de l’électricité solaire a vécu. Constatant l’explosion des projets photovoltaïques de toute nature déposés en 2009, le gouvernement a décidé freiner les ardeurs de certains investisseurs. Dès le 1er septembre, les différents tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque pour les projets professionnels et les grosses installations seront réduits de 12 % pour les nouvelles demandes.

Pour rappel, depuis la dernière révision de janvier dernier, ces tarifs variaient de 37 à 50 centimes d’euro par kilowattheure, selon les caractéristiques des installations. De leur côté, les prix appliqués aux particuliers (dont les panneaux ne dépassent pas 30 m2) resteront inchangés à 58 centimes.

Comme en Allemagne et en Espagne

Les ministères du Développement durable et du Budget ont averti hier soir la Commission de régulation de l’énergie (la CRE) et le Conseil supérieur de l’énergie de leur volonté de baisser de 12% le prix d’achat par EDF de l’électricité photovoltaïque. Ce nouvel ajustement français à la baisse intervient après une révision déjà opérée en Allemagne et en Espagne.

Pour le gouvernement « l »essor spectaculaire du photovoltaïque français démontre que la phase d »amorçage de la filière est achevée ». Le développement entre désormais dans « une phase plus mature ». Paris souligne par ailleurs que la filière photovoltaïque bénéficie désormais de d’une « baisse régulière et structurelle » du coût des matériaux.

Fin 2010, quelques 850 mégawatts auront été installés contre 81 MW fin 2008, soit une puissance décuplée en seulement 2 ans. Longtemps en retard sur nos voisins européens, la France rattrape son retard à marche forcée en matière d’énergie photovoltaïque, au point de contraindre le gouvernement à revoir sa copie, pour calmer les ardeurs des investisseurs de tout poil.

« Très largement en avance » sur le Grenelle

Bercy précise que les projets déposés à ce jour représentent plus de 3 000 MW. La France est donc « très largement en avance » sur la mise en ?uvre des objectifs du Grenelle Environnement, qui fixent 1 100 MW installés fin 2012 et 5 400 MW en 2020. Paris viserait désormais un développement du solaire plus régulé sur une base maximum de 500 MW par an.

D’ici fin 2010, des négociations devraient s’engager avec les professionnels de la filière pour élaborer un dispositif de révision régulière des prix, à l’image de ce qui existe déjà en Allemagne, qui vient elle aussi de baisser ses tarifs de 13%.

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