Prendre en compte les incidences environnementales dans les fiscalités

La Commission européenne et le Programme des Nations Unies pour l’environnement ont présenté hier un nouveau rapport qui souligne de façon majeure la nécessité d’un changement radical de l’utilisation des ressources rares par les grandes économies. Ce rapport donne des priorités scientifiquement fondées pour les mesures en faveur de l’environnement à l’échelle du globe.

Le rapport présenté hier par la Commission européenne et le PNUE classe les produits, les matériaux, les activités économiques et les modes de vie en fonction de leurs incidences sur l’environnement et sur les ressources. Entre autres conclusions importantes, ce rapport révèle que plus de la moitié des cultures vivrières mondiales sont de nos jours destinées à l’alimentation des animaux et qu’un doublement de la richesse entraîne en général une augmentation de la pression environnementale de 60 à 80%.

Ce rapport de 149 pages, élaboré par le Groupe international sur la gestion durable des ressources, indique également que les législateurs et les décideurs politiques soucieux de prendre les mesures les plus efficaces pour assainir la planète devraient avoir recours aux impôts et à diverses incitations pour encourager des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement et réduire l’utilisation des combustibles fossiles.

Une tâche titanesque

Janez Poto?nik, commissaire chargé de l’environnement, précise que « ce rapport met l’accent sur la nécessité urgente d’une transition vers une économie fondée sur une gestion efficace des ressources. C’est une tâche titanesque, mais l’une de celles qui seront déterminantes pour notre prospérité et notre qualité de vie à venir. Si nous voulons vraiment changer notre mode d’utilisation des ressources, l’un des moyens les plus efficaces qui s’offre à nous est de jouer sur la fiscalité pour agir sur l’interprétation des prix« .

Quant à Angela Cropper, directrice exécutive adjointe du PNUE,  elle juge possible de « concilier le bien-être environnemental et une croissance économique fondée sur un modèle durable. Pour ce faire, privilégions d’abord les mesures qui réduisent le plus les nuisances causées par l’homme dans les écosystèmes. Sur ce point, le rapport constitue une contribution majeure à la réflexion des décideurs politiques. Il rappelle aussi à tout un chacun des conseils connus: freiner sur la consommation de viande, éteindre les lumières, isoler les logements, baisser le thermostat et la climatisation, éviter de voyager en avion et laisser le plus possible la voiture au garage. Ce sont là les actions qui font vraiment la différence pour notre planète nourricière« .

Les nuisances visées en priorité

Le rapport intitulé « Incidences de la consommation et de la production sur l’environnement: les produits et les matériaux prioritaires » est le dernier d’une série de rapports élaborés par le Groupe international sur la gestion durable des ressources. Reposant sur des analyses des cycles de vie, il répertorie les matériaux et l’énergie requise pour leur production, leur consommation et leur destruction et il détermine les processus, les produits et les matériaux les plus nuisibles pour l’environnement de par le monde. Les produits agricoles sont en tête de liste, notamment les produits d’origine animale, car plus de la moitié des récoltes mondiales sont utilisées pour nourrir les animaux. Les consommateurs de combustibles fossiles sont également montrés du doigt, en particulier les appareils électriques et autres, les industries demandant beaucoup d’énergie, le chauffage domestique et les transports. Les matières plastiques, le fer, l’acier et l’aluminium comptent parmi les matériaux les plus nuisibles sur leur cycle de vie.

Le Groupe indique qu’il faut réduire en priorité les pressions sur l’environnement suivantes: changement climatique, changement des habitats naturels, pollution à l’azote et au phosphore, surpêche, forêts et ressources assimilées, espèces invasives, eau potable et assainissement de l’eau qui présentent des risques, combustion par les ménages de combustibles solides, exposition au plomb, pollution de l’air en ville et exposition aux particules sur le lieu de travail.

Les périls de l’abondance

Fait inquiétant, le Groupe produit un ensemble de preuves démontrant que la prospérité et la destruction de l’environnement par l’homme vont de pair, alors qu’il est commun de penser que la richesse permet d’atténuer l’empreinte sur l’environnement.

Le rapport indique qu’une prospérité accrue peut certes entraîner la mise en place de nouvelles techniques et de dispositifs relativement simples pour contrôler les sources locales de pollution classique de l’air et de l’eau, mais il en résulte aussi une augmentation des problèmes d’ordre global, comme la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, pour le CO2, le rapport indique qu’«un doublement de richesse mène en général à une augmentation de la pression environnementale de 60 à 80 pour cent, et parfois plus dans les économies émergentes».

Pour rappel, le Groupe de réflexion a été constitué pour donner un point de vue scientifique indépendant sur l’utilisation des ressources naturelles et sur leurs incidences environnementales, dans une volonté de dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement. Il tient compte des avis d’experts environnementaux du monde entier. Le Groupe est présidé en même temps par le président de l’Union mondiale pour la conservation de la nature et de ses ressources, Ashok Khosla, et par l’ex-président de la commission «Environnement» du Bundestag,  Ernst Ulrich von Weizsäcker.

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