Faire la lumière sur les dangers des nanomatériaux

L’Afsset annonce le lancement officiel de NANOGENOTOX dans ses locaux à Maisons-Alfort. C’est le coup d’envoi d’un long programme de recherche destinée à élaborer une méthode fiable de détection des éventuels dangers pour la santé des nanomatériaux.

Lancée à l’initiative de la Direction Générale de la Santé et coordonnée par l’Afsset, le programme NANOGENOTOX prévu pour une durée de 3 ans doit fournir à la Commission européenne une méthode alternative, robuste et fiable de détection du potentiel génotoxique des nanomatériaux. L’objectif sera de déterminer les risques de cancer ou de toxicité pour la reproduction chez l’homme.

Les travaux permettront de tester 14 nanomatériaux manufacturés regroupés en 3 groupes : dioxyde de titane, silice et nanotubes de carbone. Ces groupes ont été sélectionnés en fonction des critères stratégiques suivants : les usages possibles dans différents types de produits (cosmétiques, aliments, produits de consommation courante), les voies d’exposition potentielles (orale, cutanée, inhalée), et leur production en Europe.

NANOGENOTOX répond aux objectifs fixés dans le programme de santé publique européen en matière de sécurité des nanomatériaux. Le programme vise à consolider, étendre et partager les connaissances requises concernant les nanomatériaux, pour l’évaluation des risques, de l’exposition et du risque global. Par ailleurs, cette action doit accélérer l’exploitation des données existantes et l’échange de pratiques exemplaires en matière d’évaluation et de gestion des risques. Enfin, le programme entend favoriser la mise en place de méthodologies rigoureuses dans toute l’Union.

Identifier les 14 nanomatériaux et connaître leur génotoxicité

Ce programme a été ciblé sur la mise en place de tests de génotoxicité adaptés en raison des incertitudes existantes sur le potentiel génotoxique spécifique des substances à l’échelle nanométrique, comparativement aux substances de même entité chimique d’échelle plus grande. Selon l’avis de janvier 2009 du comité européen (SCENHIR : Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks) sur les risques émergents, peu de données existent actuellement et les résultats des études menées sont contradictoires.

Afin de mener à bien ce projet, NANOGENOTOX comprend plusieurs étapes. Le programme devra tout d’abord identifier précisément les 14 nanomatériaux à tester par une caractérisation physique et chimique la plus complète possible ; connaître la distribution des nanomatériaux dans l’organisme vivant : toxico-cinétique des nanomatériaux et enfin réaliser les tests de génotoxicité in vivo adéquats qui seront comparés aux tests de génotoxicité in vitro, eux-mêmes réalisés sur des lignées cellulaires adaptées à la voie d’exposition.

Le projet est coordonné par l’Afsset. Elle a reçu pour cela l’appui du ministère de la santé et des sports. Ce projet a été lancé en février 2009 par un appel communautaire de l’Agence Exécutive pour la Santé et les Consommateurs. Européen, le programme réunit 13 Etats membres de l’Union européenne (Belgique, Bulgarie, Allemagne, Danemark, France, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Pologne, Italie, Portugal, Espagne, Royaume-Uni). Par ailleurs, 18 organismes de recherche et d’expertise de ces pays se partagent les travaux de ce programme.

Afssa, INRS, CEA, Institut Pasteur?

Le volet français implique l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, le Commissariat à l’énergie atomique et l’Institut Pasteur de Lille. D’autres organismes français soutiennent ce projet et apportent leur expertise, en particulier le Centre national de la recherche scientifique, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, le Laboratoire national d’essais et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques.

Le projet est doté d’un budget total de 6,2 M?, émanant de fonds publics : 45% proviennent de la Commission européenne, les 55 % restants des organismes partenaires et des ministères des Etats membres participant au projet. Pour la France, le financement principal est assuré par le Ministère de la Santé et des Sports (Direction Générale de la Santé).

Les travaux conduits dans le cadre de NANOGENOTOX viennent renforcer d’autres initiatives internationales, notamment le programme de parrainage des nanomatériaux manufacturés de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), et les travaux de caractérisation du comité technique sur les nanotechnologies de l’Organisation internationale de normalisation (ISO TC 229).

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