OGM : l’expertise européenne au c?ur de la polémique

Parallèlement à l’autorisation de la culture de la pomme de terre OGM Amflora de BASF, la Commission européenne a également autorisé la commercialisation de 3 variétés de maïs génétiquement modifiés MON 863, MON 810 et MON 603, fabriqué par Monsanto, le géant américain du secteur, en s’appuyant une nouvelle fois sur l’expertise controversée de l’agence européenne de sécurité des aliments.

José Manuel Barroso était la hantise des anti-OGM qui redoutaient sa réélection. Ils sont servis? et rapidement. A peine installée, la Commission Barroso II a autorisé le commerce de 3 variétés de maïs OGM et la culture d’une pomme de terre OGM dans l’Union européenne. Une nouvelle politique européenne fondée sur l’expertise controversée de l’agence européenne de sécurité des aliments, installée confortablement depuis 2005, au Palazzo Ducale à Parme.

Indépendance controversée

Bruxelles explique avoir fondé sa décision à partir des avis positifs rendus par l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA ou EFSA). L’organisme européen fait l’objet d’une polémique sur son indépendance par rapport au lobbying des multinationales, avec une récente affaire qui illustre la porosité de l’organisme européen. Suzy Renckens, directrice du département OGM de l’AESA de 2003 à 2008, est devenue salariée groupe agro-semencier Syngenta, avec comme mission, la sensibilisation des autorités européennes aux vertus des OGM.

Opposé à ces autorisations, France Nature Environnement rappelle qu’à deux reprises, le Conseil européen des ministres de l’environnement s’est prononcé pour que soient « renforcées et harmonisées les méthodes d’évaluation des risques des OGM en Europe ». Par ailleurs, selon le collectif environnemental, « les avis de l’AESA sont irrecevables car utilisant des données scientifiques non fondées ».

Pour FNE, l’agence européenne n’a « jamais répondu de manière correcte à la question posée par une députée européenne sur l’innocuité de ce maïs ». L’association reproche à l’AESA de ne pas avoir changé ses méthodes d’évaluation ni sa façon de fonctionner,  « Nous ne voyons pas comment elle pourrait émettre des avis fondés scientifiquement, ni ne pouvons admettre que la Commission européenne puisse autoriser des produits dont l’innocuité n’est pas démontrée (au risque statistique près) » estime Lylian Le Goff, co-responsable de la Mission Biotechnologies de FNE.

Enquête sur le fonctionnement de l’AESA

FNE annonce qu’elle va donc défendre auprès du gouvernement et des parlementaires européens la nécessité d’une enquête parlementaire européenne sur le fonctionnement de l’AESA et la validité de ses avis. Cette enquête devra aboutir à « une profonde réforme de la procédure d’évaluation des OGM », avec l’intégration des enjeux socio-économiques liés à l’utilisation des OGM et la fourniture de moyens pour mener des contre-expertises des dossiers présentés par les pétitionnaires.

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