La vieille centrale de Fessenheim doit-elle être fermée ?

Manifestation organisée par l'association "Fermons Fessenheim"

Manifestation organisée par l'association "Fermons Fessenheim"

D’habitude systématiquement contre, les anti-nucléaires militent cette fois pour… la fermeture de la vieille centrale de Fessenheim, qualifiée de « verrue atomique » en fin de vie. Fessenheim sera mise à l’arrêt ce mois-ci pour sa troisième visite décennale, à l’issue de laquelle une prolongation d’activité pourrait être décidée.

Organisée par l’organisation « Sortir du Nucléaire », une grande manifestation sera organisée ce samedi 3 octobre à Colmar pour tenter d’obtenir la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire française. Le collectif France Nature Environnement soutient fortement cette manifestation où elle sera représentée par Alsace Nature, son association membre et appelle les citoyens à la mobilisation.

Selon les anti-nucléaires, « Fessenheim est un symbole pour tous ceux qui réclament la sortie du nucléaire ». Convaincus qu’EDF veut prolonger la vieille centrale de Fessenheim, qualifiée de « dangereuse et non rentable », les militants de « Sortir du Nucléaire » ont décidé de se mobiliser pour empêcher qu’une éventuelle prolongation continue de faire peser des risques sur les populations.

De plus en plus d’indicents

Au cours du mois d’octobre, la plus ancienne centrale nucléaire de France en fonctionnement sera donc mise à l’arrêt pour sa troisième visite décennale, avec un enjeu majeur. En effet, cette inspection devra décider soit de l’arrêt définitif des deux réacteurs, soit de leur prolongation pour dix ans supplémentaires.

C’est précisément le 31 décembre 1977, puis le 18 mars 1978, que les deux réacteurs de 890 MW net chacun entraient officiellement en fonction. Selon Michel Breuzard, membre d’Alsace Nature : « 30 années se sont écoulées et le temps a fait son ?uvre sur l’état des installations. Les investissements nécessaires à la poursuite de son activité pendant 10 ans encore se chiffrent à… 225 millions d’euros ! Autant de ressources qui devraient être injectées vers les technologies d’avenir, réellement propres et sûres. »

France Nature Environnement souligne que les chiffres de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) indiquent un nombre d’incidents sur le site en forte augmentation depuis ces dernières années. Ainsi 200 incidents ont eu lieu au cours des 8 dernières années, sur les 300 recensés depuis 1989. Alors que la centrale enregistrait moins de 10 incidents par an jusque dans les années 2000, 20 ont eu lieu en 2004. Et 48 en 2007, soit quatre fois plus que dans les autres centrales françaises, s’inquiètent FNE.

Prévue pour être exploitée jusqu’en 2018

Du côté de l’exploitant historique, on affirme que la centrale fonctionne  « en toute sécurité ». EDF justifie ces chiffres par des contrôles soient plus strictes. Mais les écologistes de FNE ont beau jeu de souligner que ces contrôles rigoureux ne détectent pas autant d’incidents sur les autres sites. Le bilan global ne confirmerait pas cette tendance. Pour l’année 2006 par exemple, la moyenne d’incidents s’élèverait à 11, alors que la seule centrale de Fessenheim en accuserait 46.

Et la perspective d’une future prolongation de la plus vieille centrale nucléaire française semble plus que jamais crédible. Tout d’abord, lors de sa construction, cette centrale a été conçue pour être exploitée pendant 40 ans. En toute logique, Fessenheim est donc prévue pour fonctionner jusqu’en 2018.

Par ailleurs, les travaux de modernisation et de sécurisation ont déjà été chiffrés, la vieille centrale est encore une source de production d’énergie majeure dans la région, et le président de l’Autorité de sûreté nucléaire s’est déjà prononcé en faveur d’une éventuelle prolongation d’activité de Fessenheim.

Pour Arnaud Gossement, porte parole de FNE : « Il est temps de fermer cette ruine qui menace notre environnement et notre démocratie. Nous en avons assez des simulacres de débats publics sur des décisions déjà prises et des enquêtes publiques gadgets. Nous en avons assez des visites décennales dont le résultat est connu d’avance. Nous en avons assez d’un système dirigé par l’ASN, sorte de monstre technocratique composé de personnes non élues, irrévocables et juridiquement irresponsables ».

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