Paris : Autolib’ ambitieux ou dispendieux ?

autolib_paris.JPGBertrand Delanoë ambitionnait d’en faire un programme phare de sa mandature. Mais l’ambitieux projet de voitures propres en libre-service a pris du retard, confronté à des contraintes techniques et financières. La question du coût du dispositif semble encore épineuse.

Le candidat aux élections municipales avait d’emblée vu grand pour Paris. Le programme initial prévoyait de mettre à disposition des Parisiens mais également des franciliens, des milliers de véhicules électriques dès 2009, disponibles sans réservation, et à tout moment sans devoir le redéposer à l’endroit où on l’a pris. Confrontée à des contraintes techniques et financières, le projet prend du retard et ne devrait voir le jour avant fin 2010.

En visite au Mondial de l’Automobile 2008, Porte de Versailles, le maire de Paris a vanté une nouvelle fois les mérites de son projet Autolib’, tout en annonçant qu’il était reporté « pour le quatrième trimestre 2010« . Sauf à débuter avec des véhicules classiques à essence, le projet est tout d’abord embarrassé par le manque d’offres compétitives en matière de voitures électriques. Car les constructeurs ne sont tout simplement pas prêts.

Retard à l’allumage

Pour ne pas trop retarder le programme, il s’agira donc pour les services parisiens de s’adapter. Les débuts seront donc vraisemblablement plus prosaïques avec des petites voitures à essence ou hydrides (essence et électricité). Les véhicules électriques viendront donc progressivement enrichir l’offre d’Autolib’ à horizon 2013, voire 2014. Si le programme a donc pris du retard et se révèle moins « vert » qu’au début du projet, il a pris de l’ambition.

Fortement inspiré par le succès et les manques du Vélib’, le dispositif Autolib’ a ainsi évolué. Si Autolib’ sera donc certainement moins « propre » par obligation, au moins dans ses premières années de lancement… il sera géographiquement plus ambitieux. Car le projet vise désormais un parc de 4.000 véhicules individuels, en associant au programme les communes de la région parisienne. Au total, ce sont 80 villes qui sont concernées par le programme.

La question du financement

Au-delà du retard de livraison des véhicules électriques, de la taille des voitures et de l’endurance des batteries, la question du financement demeure sensible. Car une voiture électrique coûterait en moyenne 13.000 euros de plus qu’un modèle essence comparable. Et ce n’est pas tout car les stations en libre-service dans la rue représenteraient un coût unitaire d’environ 50.000 euros. Rien qu’à Paris, 500 stations de ce type sont prévues. Si la ville veut appliquer des tarifs de location abordables, elle devra vraisemblablement trouver des recettes complémentaires.

Selon un rapport de faisabilité dont le quotidien 20 Minutes s’est fait récemment l’écho, le coût mensuel de ce service devrait se situer entre 200 et 250 euros par mois, pour une utilisation sur une distance de 0 à 100 km. Un coût qui pourrait s’avérer prohibitif pour beaucoup de franciliens. Pour les collaborateurs de Bertrand Delanoe, il s’agira de prouver que le dispositif Autolib’ est globalement plus rentable et compétitif qu’une automobile personnelle, lorsqu’on intègre tous les coûts réels et induits (achat, essence, parking, assurance, maintenance, etc.) d’un véhicule individuel, autant dire une gageure.

1.400 stations

Au total, Autolib’ prévoit plus de 1.400 stations en région parisienne dont une moitié implantées à Paris intra-muros. Malgré un coût plutôt conséquent, le projet vise des tarifs modérés pour l’utilisateur compris entre 15 et 20 euros par mois d’abonnement et de 4 à 5 euros par demi-heure d’utilisation. Des tarifs qui demeurent encore virtuels au regard du coût de fonctionnement estimé du dispositif, sauf à trouver d’importants sources de revenus complémentaires, comme la publicité, ou à faire payer la collectivité.

Le déploiement du projet sera confié à un syndicat mixte ouvert. Créé début 2009, le syndicat devrait lancer dans la foulée une procédure de délégation de service public. L’entreprise ou le groupement de sociétés retenu devra proposer une prestation globale à savoir la fourniture des véhicules, l’exploitation du dispositif, l’entretien, la maintenance, le renouvellement, etc.

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