Les russes jouent l’apaisement dans le conflit TNK-BP

tnk_bp_refining_saratov.jpgAprès de multiples pressions et une guerre larvée au sein TNK-BP, BP et le consortium russe AAR ont trouvé enfin un terrain d’entente pour le contrôle et la gouvernance de la 3e compagnie pétrolière russe.

On craignait le pire pour BP. L’horizon s’éclaircit finalement pour le groupe britannique en Russie. Une révision de la gouvernance de TNK-BP vient d’être signée par les deux grands actionnaires du groupe, BP et le consortium AAR. La hache de guerre semble enfin enterrée. C’est le soulagement chez le pétrolier britannique qui se trouvait dans le viseur des oligarques russes.

L’accord signé jeudi dernier devrait être finalisé dans les prochaines semaines. Il prévoit la restructuration de la direction de TNK-BP et très concrètement le départ de son actuel patron Bob Dudley et la nomination de 3 nouveaux administrateurs indépendants des deux parties.

Actif clé pour BP

Dans le contexte d’une renationalisation générale du secteur énergétique engagée par Vlamidir Poutine depuis quelques années, et des précédents de Ioukos ou de Shell à Sakhaline, les experts du secteur misaient plutôt sur une défaite britannique dans ce bras de fer dans lequel BP jouait gros. TNK-BP représente en effet plus du tiers de sa production et près du tiers de ses réserves.

Grâce à cet accord pour lequel Bob Dudley semble servir de fusible, BP reste en Russie. Et le compromis dévoilé se révèle finalement plus favorable que prévu pour le groupe pétrolier britannique. En acceptant le départ de son directeur, et un management allégé à l’accent russe, BP conserve cet actif stratégique, à moindre frais semble-t-il.

Bob Dudley comme fusible

Victime de harcèlement de l’administration russe, le PDG de TNK-BP avait déjà dû quitté physiquement la Russie fin juillet. Il devra quitter son siège d’ici à la fin de l’année tout en restant dans le groupe BP. C’est le prix à payer pour la compagnie britannique qui accepte donc de transiger avec ses actionnaires russes. Détenant également 50% du capital de TNK-BP, Mikhail Fridman, German Khan, Viktor Vekselberg et Len Blavatnik, les 4 milliardaires réunis au sein du holding Alfa Access Renova (AAR) voulaient symboliquement la tête de Bob Dudley et procéder à un remaniement plus équilibé et transparent de la direction du groupe anglo-russe. C’est chose faite.

Pour Tony Hayward, directeur général de BP, cet accord constitue « un moyen raisonnable de résoudre une situation qui ne peut pas continuer sans causer de graves dommages à l’ensemble des parties concernées. » Le DG britannique précise dans un communiqué « J’ai maintenant hâte de conclure ces négociations afin de rétablir la confiance avec l’AAR et de reprendre notre collaboration fructueuse« . « Les accords conclus résultent de négociations très difficiles« , a commenté pour sa part Viktor Vekselberg, l’un des oligarques russes actionnaires de TNK-BP.

Un « signal positif » pour les Occidentaux

Si cet accord est une bonne nouvelle pour les acteurs de ce mélo-drame, c’est également un signe positif pour tous les opérateurs énergétiques occidentaux présents en Russie qui regardaient ce dossier avec une certaine inquiétude. Malgré la tension actuelle avec le conflit géorgien, le nouveau président russe, Dimitri Medvedev, a finalement décidé de jouer la carte de l’apaisement. « Nous espérons que (cet accord) servira de signal positif pour les compagnies étrangères qui investissent dans l’économie russe« , a précisé Arkadi Dvorkovitch, l’un des conseillers du président Medvedev.

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