Hormone de croissance : des « fautes » auraient pus être évitées

justice_1.jpgHier, le tribunal correctionnel de Paris a cherché à comprendre pourquoi une centaine de patients en France sont décédés de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) après avoir été traités à l’hormone de croissance.

Comme l’a rappelé l’AFP, la France représente plus de la moitié des cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob liés à l’hormone de croissance recensés dans le monde. Pour l’accusation, de « graves fautes d’imprudence et de négligence » ont été commises.

L’enquête a montré que les prélèvements d’hypophyses, des glandes crâniennes prélevées sur des cadavres et utilisées dans la fabrication de l’hormone de croissance, étaient le plus souvent réalisés sans aucune règle d’hygiène par de simples garçons d’amphithéâtre qui ne tenaient pas compte des antécédents médicaux des cadavres.

La collecte d’hypophyses était effectuée sans traçabilité avant que l’Unité de Radio-Immunologie analytique (Uria) de l’institut Pasteur procède à l’extraction, sans procédure visant à inactiver le prion, l’agent infectieux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Pas d’autorisation de mise sur le marché

Pour les enquêteurs, ces « fautes » auraient pu être évitées si France Hypophyse, l’association para-publique qui se chargeait de la collecte et la distribution de l’hormone de croissance, avait soumis l’hormone de croissance à une autorisation de mise sur le marché (AMM), l’accord nécessaire à la commercialisation de tout médicament.

En 1975, France Hypophyse a renoncé à demander une autorisation de mise sur le marché. « C’était un dossier lourd à constituer. Nous étions dans la pénurie d’hypophyses la plus complète et l’idée d’en consacrer une partie importante à une procédure administrative plutôt qu’à des soins nous a paru inopportune« , avait expliqué le mois dernier Jean-Claude Job, ex-président de l’association.

La semaine dernière, Fernand Dray, ancien directeur d’Uria avait déclaré que les hypophyses des laboratoires suisse Serono et suédois Kabi « venaient de plus de 100 pays et il n’y avait aucune traçabilité« . Pourtant, aujourd’hui, aucune plainte n’a été déposée contre ces laboratoires étrangers.

Des précautions prises à l’étranger

« Chaque hypophyse avait un conditionnement individuel, dans une capsule avec un numéro, puis le récipient qui la contenait portait un bordereau« , a expliqué hier Marie-Gabrielle Laborde, de Pfizer, aujourd’hui propriétaire du laboratoire Kabi. Pour les prélèvements, « les procédures mentionnaient bien précisément les cas d’exclusion comme les hépatites, les maladies neurologiques ou les toxicomanies« .

Chez Serono, racheté par Merck, « le conditionnement était toujours individuel » avec une liste de maladies exclues, a assuré François Maillard. Afin d’inactiver tout virus, le matériel était passé 4 heures au four à 200°C, le reste était stérilisé à l’autoclave ou au désinfectant industriel.

Ces conseils avaient aussi été donnés dès 1980 par le virologue Luc Montagnier. Pourtant, la semaine dernière, Michel Keller, technicien chez Uria, avait assuré qu’une « bonne partie du matériel n’aurait pas résisté à un tel traitement« .

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