« L’amiante, c’est un procès qui n’aboutit pas »

amiante.JPGA Dijon, un relais du Caper (comité amiante, prévenir et réparer) de Bourgogne vient d’être mis en place afin d’accompagner les victimes locales de l’amiante.

Elles sont « ni plus ni moins nombreuses que dans d’autres départements peu industriels, mais victimes elles aussi« , a indiqué Paul Gueth, au quotidien « Le Bien Public  » paru hier. « Quand on a quelqu’un qui a eu des mésothéliomes, on sait que dans son parcours il a été confronté à l’amiante. Je milite pour sensibiliser la population et encourager les gens à nous contacter. Aucune cause n’est perdue, et notre association a une vraie connaissance des problèmes, avec en Bourgogne plus de 600 dossiers instruits. Même 20 ans après il est important de se manifester, ne serait-ce que pour témoigner, au bénéfice d’autres personnes qui ont travaillé dans les mêmes lieux« , a-t-il ajouté.

Alors que l’utilisation de l’amiante a été interdite en 1997, elle fait encore dix morts par jour en France selon Paul Gueth. Les familles des personnes en contact avec l’amiante « sont également touchées, car les travailleurs ont pu ramener à leur insu des fibres dans leurs vêtements, leurs cheveux, sur leur peau« , a-t-il précisé au quotidien. Selon Paul Gueth, ancien cheminot, à la SNCF, « on a tous été en contact avec l’amiante par l’intermédiaire du fibrociment. Il y avait un gros pourcentage d’amiante dans les sabots de freins ou dans les contacteurs électriques. Les machines en restent imprégnées. Sans compter qu’il y a encore des générations de locomotives qui ont quarante ans« .

« Vers une prise en compte du problème » au niveau européen

« L’amiante, c’est un procès qui n’aboutit pas. On entame une procédure, et puis la veille, les directions acceptent d’accorder réparation en proposant des sommes très importantes. Mais ce n’est pas une solution satisfaisante : la jurisprudence ne se met pas en place, et sans procès il n’y a plus d’évolution possible des indemnisations« , a-t-il ajouté. « Il faut prouver qu’à cette époque on travaillait sur des matériaux amiantés, donc obtenir des témoignages d’anciens salariés, et sur Dijon, c’est l’omerta, donc impossible d’engager des procédures« .

Aujourd’hui, les Caper commencent à collaborer avec les associations suisse, italienne et belge. Tous attendent beaucoup du procès qui se déroulera en février prochain en Italie, et où sera plaidé le cas de 2 000 victimes de l’amiante. « L’enjeu de ce procès, c’est la pénalisation des patrons de l’amiante, que permet le droit italien à l’inverse du droit français. C’est aussi un pas vers une prise en compte du problème de l’amiante au niveau européen« .

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