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Pour en finir avec les délires écologiques et sanitaires

j_de_kervasdoue.JPGJean De Kervasdoué, collaborateur des ministères de la Santé et de l’Agriculture, directeur des hôpitaux, chercheur, ingénieur, titulaire de la chaire d’économie et de gestion des services de santé au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), membre de l’Académie des Technologies. Expert reconnu en matière de santé et d’environnement, il publie un essai polémique et édifiant intitulé « Les prêcheurs de l’apocalypse, pour en finir avec les délires écologiques et sanitaires » (Editions Plon).

Les surenchères sur les conséquences sanitaires de Tchernobyl me navrent, la recherche d’un bouc émissaire ministériel après la canicule de 2003 m’attriste, les commentaires des journalistes sur la dioxine, le nitrate ou les OGM me font sourire quand ils ne me mettent pas en rage, les allers et retours en Inde du porte-avions Clémenceau me paraissent bien onéreux pour les distractions que procurent ce va-et-vient, l’inscription du principe de précaution dans la Constitution française me semble une insulte à la raison, quant à la recherche l’éternelle jeunesse de mes contemporains elle m’inquiète comme le ferait une multiplication de clones de Faust issus des recherches du docteur Knock.

Oui, des pays entiers courent de véritables dangers : il suffit de regarder ce qui se passe aujourd’hui en Afrique. Oui, Bhopal et Tchernobyl furent d’indéniables catastrophes humaines et écologiques. Oui, des hommes sont morts trop jeunes pour avoir travaillé dans des mines d’amiante, et d’autres, à peine plus vieux, pour avoir été mineurs de fer ou de charbon. Oui, je comprends que personne ne veuille mourir pour un steak. Oui encore, la grippe aviaire m »inquiète car elle pourra être dangereuse le jour où le virus s’humanisera, mais en attendant j’achète du poulet et, dans le même registre, j’ai savouré un steak tartare le jour où la Grande-Bretagne fut contrainte de dévoiler ses turpitudes en matière de viande bovine. Certes elle avait autorisé l’exportation de carcasses d’animaux atteints d’encéphalopathie spongiforme, ce qui n’est pas bien, mais les prions, fussent-ils anormaux, ne se trouvent pas dans la viande rouge (muscle).

Acheter de l’eau en bouteille sous prétexte que celle du robinet recèle des traces de nitrates est aussi inutile que coûteux : les nitrates sont aussi « naturels » qu’inoffensifs. Les traces de dioxine dans un produit alimentaire, même quand elles dépassent d’une centaine de fois les normes européennes autorisées, n’ont rien d’inquiétant. Les OGM du règne, mieux connus que la plupart des plantes « naturelles », ont le plus souvent été sélectionnés pour réduire l’épandage des pesticides de plein champ, produit indéniablement toxiques, mais les OGM ne le sont pas. En revanche, les organismes génétiquement modifiés posent la question très sérieuse de la propriété du vivant. Faut-il tout confondre ?

N’en déplaise aux prêcheurs de l’apocalypse, je suis fatigué de leur discours sur la santé et l’environnement. Il est temps de remettre quelques pendules à l’heure. Jamais l’espérance de vie n’a cessé de croître dans les pays riches, jamais leurs habitants n’ont vécu aussi vieux et en meilleure santé. Et pourtant, nous voilà englués dans le médicalement correct. Les intellectuels doutent de tout et le reste de la population croit en l’astrologie et aux maisons hantées. A qui bénéficie notre crédulité ? Il serait plaisant de connaître les financiers des grandes associations écologistes… Les bons sentiments ne feront rien pour réduire la contradiction majeure entre la santé d’aujourd’hui, l’économie de demain et la survie d’après-demain. La Raison et l’analyse des intérêts de chacun seront la seule chance des déshérités actuels et des réchauffés à venir.

> Pour en savoir + : Les prêcheurs de l’apocalypse – Jean de Kervadoué – Editions Plon.

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