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Géothermie : l’indispensable atout de la transition énergétique française

geothermie

En pleine crise des « gilets jaunes », les questions, étroitement combinées, du pouvoir d’achat et de l’accès à l’énergie, sont sur toutes les lèvres. De nombreux Français n’arrivent plus à joindre les deux bouts, éprouvant des difficultés croissantes à se déplacer ou à payer leurs factures de chauffage ou d’électricité. C’est dans ce contexte tendu que le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a publié, en novembre 2018, son dernier rapport sur les enjeux de la géothermie en France. Le point sur une source d’énergie aussi indispensable à la transition énergétique qu’à l’augmentation du pouvoir d’achat.

Un potentiel insuffisamment exploité

Le constat du SER est sans appel : malgré un fort potentiel, le rythme de développement actuel de la géothermie dans l’Hexagone est insuffisant pour atteindre les objectifs 2023 de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ainsi, bien que la géothermie de surface soit « accessible sur la quasi-totalité du territoire français (…), le nombre de nouvelles installations annuelles est en chute libre, passant de 19 000 en 2007 à 2 500 en 2017, et la France accentue son retard sur ces voisins », relève le SER.

Même son de cloche pour la géothermie profonde, dont « le rythme de développement (…) ne permettra pas d’atteindre les objectifs de production de chaleur de l’actuelle PPE », s’inquiète le syndicat. Pourtant, rappelle le SER, « la France fut l’un des pays pionniers dans le développement de la géothermie (…). Sur l’ensemble de son sous-sol, notre pays recèle un potentiel géothermique très important, dont seule une infime partie est aujourd’hui exploitée ».

La géothermie : définition, atouts et domaines d’applications

Mais qu’entend-on par géothermie ? Son principe est simple : il consiste à récupérer l’énergie disponible sous la surface de la terre. La géothermie de surface, qui représente 85% de la puissance installée de la filière en France, puise l’énergie entre 0 et 800 mètres de profondeur et permet de couvrir les besoins en chauffage, en eau chaude ou en climatisation, tout en alignant de bonnes performances énergétiques et environnementales. Quant à la géothermie profonde, elle puise la chaleur entre 800 et 2 000 mètres de profondeur et permet de chauffer des immeubles ou quartiers entiers.

Selon le SER, la filière géothermie en France représente 388 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie directement 2 300 personnes. En surface, quelque 179 000 pompes à chaleur géothermiques produisent 293 ktep (soit 3 407 Gwh) ; et, en profondeur, 117 ktep (1 360GWh) sont produits chaque année, soit l ‘équivalent de 350 000 logements chauffés et 240 000 tonnes de CO2 évitées par an. Les atouts de cette technologie sont nombreux : locale par définition, cette énergie est régulière et disponible 24h sur 24, performante et propre.

En Alsace ou à Paris, on mise sur la géothermie

En France, de nombreux projets démontrent que la géothermie fonctionne. A l’image de la centrale géothermique d’Illkirch, en Alsace, où en septembre dernier les premières tiges de forage de la société Electricité de Strasbourg (ES), rattachée au groupe EDF, sont entrées en action. Leur but : atteindre 3 000 mètres de profondeur pour chercher de l’eau à 150°C. D’ici 2020, la centrale devrait permettre d’alimenter 13 000 logements en chauffage et 2 600 en électricité, dont ceux du Parc d’innovation et d’un nouvel éco-quartier.

« La ville d’Illkirch a pour ambition de devenir une ville à énergie positive et nous devons être à la hauteur des défis énergétiques », s’est félicité Claude Froehly, le maire de la commune. « A l’origine des deux premières centrales géothermiques alsaciennes, ES confirme avec le projet d’Illkirch, son savoir-faire et son expertise dans la géothermie profonde (…), une énergie renouvelable fonctionnant indépendamment des aléas climatiques. Elle constitue donc, là où elle est disponible, un atout exceptionnel pour le mix électrique et contribuer à la transition énergétique », s’est, quant à lui, réjouit Cédric Lewandowski, Président du conseil d’administration d’Electricité de Strasbourg.

Dans le nord de Paris aussi, l’éco-quartier de Clichy Batignolles, bâti sur une ancienne friche ferroviaire, est entièrement chauffé par la géothermie. Prélevant les calories dans la nappe d’eau de l’Albien pour les transformer en chauffage, le système devrait permettre d’alimenter ce quartier innovant, toujours en construction, et ses 400 logements, ses 140 000 mètres carrés de bureaux, son nouveau palais de justice et son commissariat de police. Un chantier qui devrait être terminé à l’horizon 2020.

La géothermie, nécessaire pour la transition énergétique et le pouvoir d’achat

Publiée en 2015, la loi de transition énergétique pour la croissance verte établit qu’en 2030, 38% de la consommation finale de chaleur en France devra être de source renouvelable, contre 20,7% en 2016. Si un certain nombre de mesures sont prises, la géothermie jouera donc un rôle essentiel dans l’atteinte de ces objectifs, tout en créant des emplois non délocalisables et en libérant notre pays d’une partie de sa dépendance aux importations d’énergies fossiles.

Non corrélée aux cours mondiaux de ces matières fossiles, la chaleur verte permet surtout aux ménages de maîtriser leur facture énergétique. Ainsi, selon l’Ademe, « le développement de la chaleur renouvelable a permis depuis 2009 d’affranchir (…) deux millions de logements de la volatilité des prix ». Une bonne nouvelle pour les « gilets jaunes » et l’ensemble des Français.

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