La voiture de demain ne sera pas tout électrique

Alors que la plupart des constructeurs automobiles redoublent d’effort dans la voiture électrique, une note d’analyse du Centre d’analyse stratégique issue du rapport Syrota, se montre plus que mesurée sur la réussite commerciale des véhicules tout électrique, handicapés par des batteries encre trop chères et à l’autonomie perfectible. Pour le CAS, l’avenir serait encore à l’amélioration du moteur thermique et aux véhicules hybrides.

Rattaché aux services de Matignon, le Centre d’analyse stratégique s’est penché sur l’avenir de la voiture électrique. Selon la note d’analyse publiée mercredi, la voiture de demain ne sera pas tout électrique. Malgré un contexte tendu entre la perspective du changement climatique et des pressions géopolitiques croissantes sur les ressources pétrolières, le véhicule électrique ne serait pas la solution d’avenir que beaucoup prédise.

Qualifié de véhicule « zéro émission », la voiture électrique fait figure d’automobile propre, même si les experts du Centre d’analyse stratégique relèvent que ce qualificatif est « exagéré », cette expression ne prenant pas en compte le contenu en carbone ni de l’électricité qu’il utilise, ni de son cycle de vie. Par ailleurs, la note d’analyse souligne que si l’intérêt écologique se double de considérations de sécurité énergétique, les bénéfices pour la collectivité s’accompagnent de contraintes qui pèsent en premier lieu sur les particuliers : recharges fréquentes et longues, autonomie limitée.

Le prix restera une « variable importante »

Outre ses réserves de principe, le CAS anticipe surtout la difficulté pour les constructeurs de commercialiser des voitures encore trop chères. « Si les consommateurs semblent prêts à reconsidérer leur vision de la mobilité, le prix restera pour beaucoup une variable très importante dans la décision d’achat » souligne la note d’analyse. « La rentabilité du véhicule électrique dépendra principalement du prix de la batterie ainsi que de la distance annuelle parcourue » affirme-t-elle.

Malgré le volontarisme affiché par le gouvernement et les constructeurs pour promouvoir la voiture électrique, son avenir ne serait pas aussi rose, surtout à court terme. Selon l’étude réalisée par Jean Syrota, ex-directeur général de l’énergie et des matières premières (DGEMP), hormis certains marchés de niche comme ceux des parcs d’auto-partage type Autolib à Paris, la voiture électrique ne répondrait pas actuellement aux besoins et aux contraintes d’un marché de masse.

« Compte tenu des différences actuelles de coûts, le véhicule électrique ne sera probablement pas moins cher que le véhicule thermique dans les prochaines années » affirme le rapport Syrota. « Il ne faut donc pas s’attendre à une irruption du tout-électrique sur le marché » anticipe la note qui remet implicitement en cause les objectifs gouvernementaux et ceux annoncés par les constructeurs.

Généraliser le dispositif « start & stop »

Pour réduire efficacement notre dépendance au pétrole, le CAS préconise la poursuite de l’amélioration des véhicules thermiques, « dont les marges de progrès sont importantes ». « Une réduction de 50 % des consommations unitaires par rapport à 2007 est raisonnablement possible à terme » anticipe le rapport Syrota. L’électrification progressive des véhicules thermiques et le développement à grande échelle des véhicules hybrides rechargeables permettraient d’aller encore plus loin et constituent des voies d’amélioration prometteuses conclut le CAS.

Concrètement, la note de synthèse fait 6 propositions au gouvernement pour s’adapter à la voiture de demain, comme une modification des méthodes réglementaires de mesure des consommations énergétiques et des émissions de CO2, un durcissement de la réglementation sur les émissions de CO2 favorisant l’amélioration des moteurs thermiques, ou encore la généralisation des dispositifs « start & stop » qui coupe automatiquement le moteur dès que le véhicule est à l’arrêt.

Pour en savoir + : Consulter la note de synthèse du CAS (pdf)

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