Pesticides : le sang des Français contaminé

L’INVS vient de publier aujourd’hui une étude inquiétante sur la contamination chimique des Français, dont le sang, les urines et les cheveux regorgent de pesticides, de PCB et de mercure. Présente dans différents pays, cette pollution aux produits cancérigènes et perturbateurs endocriniens serait particulièrement forte chez les Français.

Les résultats de la première grande étude française sur l’imprégnation des polluants chimiques chez les Français révèlent des niveaux de contamination particulièrement élevés en France. L’étude confirme que les pesticides, les PCB et le mercure très présents dans notre environnement et notre alimentation se retrouvent dans le sang, les urines et les cheveux des Français.

Pour la première fois en France, les concentrations biologiques de métaux, pesticides et PCB (polychlorobiphényles) ont été mesurées sur un échantillon représentatif de la population française. L’exposition de la population française aux polluants a été estimée par la mesure de 42 biomarqueurs d’exposition, correspondant à des substances chimiques présentes dans l’alimentation et l’environnement, retenues en fonction de leur toxicité et de l’exposition possible de la population.

Plus de mercure dans les cheveux français

Pour l’institut national de veille sanitaire, « la population française présente des niveaux d’exposition globalement bas aux 11 métaux dosés », avec « des niveaux similaires à ceux observés à l’étranger ». Ainsi, la plombémie (concentration en plomb dans le sang) a fortement baissé (de l’ordre de 60 %) depuis l’étude réalisée chez les adultes en 1995, ce qui traduit les efforts de réduction des expositions au plomb en France, précise l’INVS.

Les niveaux de cadmium urinaire sont similaires à ceux observés dans des études françaises précédentes et comparables à ceux d’autres pays d’Europe. Le cadmium est utilisé pour protéger l’acier contre la corrosion, dans des alliages, piles et batteries.

Les concentrations de mercure dans les cheveux sont en revanche supérieures à celles des Allemands et des Américains, mais inférieures à celles des Espagnols. Pour l’INVS, ces écarts peuvent s’expliquent par la différence de consommation de poisson dans ces pays puisqu’il constitue le principal apport de mercure par alimentation. La consommation de poisson est en effet deux fois moindre en Allemagne et aux États-Unis qu’en France et supérieure en Espagne.

Pesticides et aux PCB

Les niveaux de pesticides dans la population française ont été comparés avec ceux observés en Allemagne ou Etats-Unis. Si les conclusions varient selon la famille chimique de pesticides étudiée, elles révèlent globalement une imprégnation particulièrement forte chez les Français. Concrètement, 90% de la population est contaminée par les organophosphorés.

Les niveaux des pesticides organochlorés (comprenant par exemple le DDT ou le lindane, aujourd’hui interdits pour la plupart des usages) sont « globalement faibles » souligne l’étude. Toutefois une substance provenant du paradichlorobenzène, utilisé encore récemment comme antimite ou désodorisant dans les toilettes, est mesurée à « des niveaux très supérieurs en France » remarque l’INVS. Les niveaux de métabolites (produits de dégradation) des pesticides organophosphorés se situent entre ceux des Allemands et ceux des Américains.

Mais très inquiétants, pour les pesticides pyréthrinoïdes, qui sont largement utilisés (agriculture, horticulture, usage domestique, etc.), les niveaux sont plus élevés que ceux observés aux États-Unis et en Allemagne. De la même manière, pour les PCB, les niveaux sont plus élevés en France que ceux observés aux Etats-Unis et en Allemagne.

Une « contamination généralisée »

Les causes des écarts observés entre l’imprégnation de la population en France et à l’étranger méritent d’être élucidées affirme l’INVS qui s’interroge sur quelques premiers éléments de réponse en évoquant les apports alimentaires ou les usages des produits. « Cette étude complète l’enquête publiée par notre association en décembre dernier sur la contamination de nos aliments par des polluants comme les pesticides ou les PCB. Elle démontre une contamination généralisée des organismes des français par des produits dont beaucoup sont des cancérigènes suspectés et/ou des perturbateurs endocriniens » s’alarme François Veillerette, porte parole de l’association Générations Futures.

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