Google signe la ville du futur à Toronto

Des pistes cyclables qui changent selon l’heure du jour, des conteneurs automatisés sous la ville, des capteurs pour mesurer la vie urbaine : un nouveau quartier de Toronto pourrait prendre des airs de cité futuriste

Construire tout un quartier à Toronto et y appliquer ses idées sur la ville intelligente. Tel est le projet que va mener Sidewalk Labs, une filiale d’Alphabet, la maison-mère de Google. C’est elle qui pilote cette transformation, sous l’œil attentif des autorités. Elle va ainsi participer à la création d’un tout nouveau quartier à Toronto, Quayside.

L’idée ? Faire de cette toute nouvelle zone un « banc d’essai pour les technologies, les matériaux et les procédés émergents qui s’attaqueront [aux défis de la ville] et feront avancer des solutions qui pourront être reproduites dans les villes du monde entier », rapporte le site The Star. Ces défis, toutes les localités y font face, à divers degrés : accessibilité, durabilité ou encore inclusion.

Situé au bord du lac Ontario, le nouveau quartier fait une superficie d’environ 325 hectares. Outre des logements, bureaux, espaces verts et commerces, dont la construction et le fonctionnement devront satisfaire des enjeux environnementaux, Quayside accueillera le quartier général de Google au Canada et ses 300 employés, qui se trouve pour l’heure dans un autre quartier de Toronto.

Des rues qui s’adaptent aux besoins du moment

Le futur quartier sera tapissé de capteurs, comme des caméras, des radars et des appareils pour mesurer la pollution atmosphérique. Le modèle pourra par exemple anticiper le trafic après un événement, ou encore déterminer les meilleurs endroits pour ajouter des bornes pour vélos en libre-service.

L’apprentissage effectué avec les modèles informatiques permettra d’optimiser les routes de différentes façons. Des ampoules LED dans la chaussée pourront par exemple moduler la taille des pistes cyclables en fonction de la demande, et un tarif pourrait être imposé pour emprunter certaines routes lorsque le trafic se fait trop dense.

Un autre aspect non technologique important de Quayside concerne la piétonnisation du secteur. Plusieurs petites rues seront strictement piétonnes, le quartier sera conçu pour attirer les commerces de proximité et le zonage facilitera le rapprochement physique des boutiques, entreprises et résidences.

L’objectif de Sidewalk Labs est que seuls 20% des ménages possèdent une voiture dans le secteur (contre 78% dans l’ensemble de Toronto). Des aménagements seront aussi installés pour rendre l’environnement plus clément, notamment des marquises amovibles, des pistes cyclables chauffantes pour faire fondre la neige et des structures pour protéger du vent l’hiver, mais pas l’été.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre

Des mécanismes seront adoptés pour faire de Quayside un quartier carboneutre, comme l’intégration de différentes technologies de chauffage thermique (notamment à partir de l’usine de traitement des déchets organiques, des égouts et par géothermie), la construction d’habitats passifs (de consommation énergétique quasi-nulle), ainsi que l’ajout de thermostats intelligents dans les résidences, de piles dans chaque immeuble pour stocker l’énergie au moment optimal de la journée et l’installation de cellules photovoltaïques sur 50% des toits – l’autre 50% étant réservé aux toits verts.

Un autre aspect environnemental de Quayside concerne la gestion des ordures. Chaque résidence sera dotée d’un macérateur qui acheminera les déchets organiques vers une usine de traitement, et une chute permettra de trier machinalement les déchets et les matières recyclables, qui seront par la suite envoyés au bon endroit par des systèmes de transport automatisés empruntant les mêmes voies souterraines que les services publics.

Des usages pour améliorer le quotidien des citoyens

Quayside devrait être composé de grands immeubles conçus avec une architecture modulaire, qui permet de facilement agrandir ou rapetisser les logements, de les transformer en commerces et en industries, et vice-versa.

Cette variété devrait aussi se faire ressentir chez les habitants eux-mêmes, puisque de 20 à 30% des logements seront à prix modiques. Ces logements seront répartis partout dans le quartier, et non isolés dans des édifices séparés, et nécessiteront l’implémentation de différents modèles de financement (achat, location ou un mélange des deux) au sein d’un même immeuble.

Sidewalk Labs est une filiale d’Alphabet, la compagnie mère de Google, et cela se fait particulièrement sentir dans son intention de doter chaque citoyen d’un compte unique, pour accéder aux différents services en ligne du quartier et améliorer la démocratie participative.

Ce compte pourrait potentiellement fonctionner avec la reconnaissance faciale (mais peut-être pas, selon la réaction des gens), et permettre par exemple à un réparateur d’entrer chez soi pour effectuer ses tâches et aux pompiers d’avoir accès aux logements d’un immeuble lorsqu’une alerte de feu est déclenchée.

Le compte pourrait aussi assurer le paiement automatique dans les transports en commun, et gérer le tarif en fonction du revenu des utilisateurs.

Certains éléments proposés par Sidewalk Labs pourraient être plus difficiles à accepter pour les citoyens et les gouvernements, surtout lorsqu’ils ouvrent la porte aux dérapages reliés au respect de la vie privée.

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