Néonicotinoïdes : la toxicité des pesticides tueurs d’abeilles confirmée

Trois quarts des miels produits dans le monde contiennent des néonicotinoïdes, une famille de pesticides connue pour son rôle dans le déclin des abeilles. Les concentrations en néonicotinoïdes mesurées resteraient cependant inoffensives pour la consommation humaine.

C’est le constat d’une étude publiée le 6 octobre dans la revue Science et menée conjointement par l’Université de Neuchâtel (UniNE) et le Jardin botanique de la Ville de Neuchâtel.

Les néonicotinoïdes, introduits dans les années 90, occupent le tiers des parts de marché des pesticides répandus, contre les insectes ravageurs dont ils altèrent le système nerveux, entraînant la paralysie et la mort. Comme ces substances se déposent sur le pollen et le nectar des fleurs, les abeilles les ingurgitent lorsqu’elles butinent.

Durant cette recherche réalisée entre 2015 et 2016, les scientifiques ont analysé 198 échantillons de miels provenant de toutes les régions du monde. Ils y ont mesuré la concentration de cinq néonicotinoïdes les plus couramment utilisés (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride et thiaméthoxame).

Les chercheurs démontrent ainsi qu’au moins deux des cinq molécules étudiées se trouvent dans 45% des échantillons, et quatre ou plus de ces composants chimiques sont présents dans 10% des cas.

«La concentration varie considérablement d’une région à l’autreLes plus fortes se trouvent en Amérique du Nord (86%), en Asie (80%), et en Europe (79%). Et les plus faibles sont dans les échantillons sud-américains (57%) ».

 Mortel pour les abeilles, supposé sans risque pour les humains

Les chercheurs indiquent, malgré tout, qu’en moyenne, les concentrations en néonicotinoïdes analysées sont inférieures aux niveaux autorisés pour la consommation humaine, et ne seraient donc sans risques pour les humains (entre 1,8 et 0,56 nanogramme par gramme).

Ils le sont, par contre, pour les insectes, et notamment les abeilles dont la population a chuté de façon alarmante. «Depuis quelques années, le taux de mortalité des abeilles est très élevé, autour de 30% en moyenne, avec parfois des pertes de 50% à 80% dans certains endroits», a ainsi indiqué Henri Clément, le porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française à Libération en juin.

Les néonicotinoïdes sont une famille d’insecticides neurotoxiques dérivés de la nicotine. Ils agissent sur le système nerveux central des insectes, provoquant une paralysie puis la mort.

«Il y a des inquiétudes croissantes sur l’impact de ces pesticides, non seulement sur les pollinisateurs comme les abeilles à miel ou sauvages, mais aussi sur les invertébrés terrestres et aquatiques et les vertébrés, comme les humains», détaillent les chercheurs.

Même si l’Union européenne a limité l’utilisation à deux des cinq substances actives (acétamipride et thiaméthoxame), ces pesticides sont encore massivement utilisés. En France, la loi sur la biodiversité prévoit une interdiction des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020.

 

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