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Nucléaire et énergies renouvelables : l’Inde fait le pari de la réconciliation

Troisième plus grand consommateur d’hydrocarbures au monde, l’Inde s’apprête à dépasser la Chine en termes de décès liés à la pollution. Pourtant, 300 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Face à ces défis, le pays mise sur le nucléaire et les énergies renouvelables.

L’Inde, pays de la démesure énergétique

L’autre géant asiatique est confronté à des défis énergétiques majeurs. Un quart des habitants du pays sont privés d’électricité, ce qui ne veut pas dire que l’approvisionnement électrique du reste des Indiens soit satisfaisant.

L’Inde est pourtant le troisième consommateur d’énergie au monde et le troisième plus grand consommateur d’énergies fossiles. Elle importe 50 % de son gaz et au moins 80 % de son pétrole, ce qui la rend extrêmement dépendante des importations énergétiques de l’étranger. Mais cela a également des conséquences néfastes sur l’environnement. La combustion d’énergies fossiles favorise la présence de particules fines et de CO2 dans l’air, ce qui fait de New Delhi, la capitale indienne, la ville la plus polluée au monde selon l’Organisation mondial de la santé (OMS).

Publiée en février 2017, une étude du Health Effects Institute révèle quant à elle que l’Inde est en train de dépasser la Chine en matière de décès prématurés relatifs à la pollution de l’air : 1,09 million en 2015 contre 737 000 en 1995, une progression qui contraste avec la tendance à la baisse en Chine.

Facile à formuler, le défi auquel est confronté l’Inde est on ne peut plus complexe à relever : électrifier sans (trop) polluer. Le pays devra en effet améliorer rapidement les conditions d’accès à l’énergie pour une part croissante de la population tout en réduisant ses émissions de CO2, soit tout le contraire de ce qu’il a fait ces dernières années. Entre 1990 et 2010, l’Inde a en effet vu croître ces émissions de manière exponentielle : + 180 % !

L’indispensable développement du nucléaire en Inde

Comment y parviendra-t-elle ? En ratifiant l’accord de Paris sur le climat en décembre 2015, les autorités indiennes se sont engagées à réduire de 35 % l’intensité carbone. La même année, elles ont lancé un ambitieux plan de développement des énergies renouvelables qui devrait voir quadrupler la puissance installée des installations éoliennes, solaires, de biomasse à hauteur de 175 GW en 2022.

Mais l’énergie nucléaire n’est pas en reste. Au contraire, elle est actuellement dans un état de croissance tout aussi ambitieux. L’Inde souhaite que 25 % de son électricité soit produite par le nucléaire en 2050 (contre 3,5 % en 2015 selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA).

Les projets, évidemment, se multiplient. Cinq réacteurs sont en cours de construction, dont 2 à eau lourde pressurisée, 2 à eau bouillante et 1 à neutrons rapides. L’électricien français EDF espère signer en 2017 un premier accord avec l’Inde en vue de construire six réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR à Jaitapur, dans l’ouest du pays.

Les partenariats avec les Russes et les Américains se multiplient également. L’Inde est ainsi prête à importer 40 000 MW de capacité installée dans les réacteurs nucléaires, dont 20 000 pourraient provenir des Américains General Electric et Westinghouse, environ 10 000 de la Russie et les 10 000 restants pourraient être fournis par les Français.

Renouvelables : 175 GW à l’horizon 2022

Même engouement du côté des renouvelables. Lors de la COP21, l’Inde avait promis de multiplier par 25, en sept ans, ses capacités de production d’énergie solaire, pour atteindre les 100 GW installés. Et le pays s’est effectivement lancé dans une course effrénée pour atteindre ce but.

En septembre dernier, la multinationale indienne Adani a ouvert dans le sud du pays la plus grande centrale solaire au monde (648 MW). Une véritable prouesse qui a permis à l’Inde de doubler ses capacités en un an pour atteindre 10 GW début 2017. La société ACME, l’une des plus importantes du secteur a, quant à elle, installé 345 000 panneaux solaires en bordure du hameau d’Hindupur. D’une capacité de 50 MW, cette ferme solaire éclaire 100 000 foyers ruraux.

Pour sa part, l’éolien devrait se développer principalement dans les Etats du sud du pays, comme le Tamil Nadu. Objectif : 60 GW à l’horizon 2022. Pour y parvenir, l’Inde compte particulièrement sur EDF, qui souhaite renforcer sa position sur le marché indien.

Le directeur général d’EDF Energies Nouvelles, Antoine Cahuzac, a annoncé en septembre 2016 que le groupe allait investir 2 millions de dollars dans l’entreprise indienne Sitac Wind Management and Developpement, dont l’électricien français détient 50 % du capital. « Notre objectif est que cette coentreprise dispose d’une puissance installée de 2 GW d’ici cinq ans », avait-il confié au Monde. En Inde, l’amélioration du taux d’électrification sera bas carbone ou ne sera pas.

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