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Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie interroge l’avenir du nucléaire

Centrale nucléaire d'Angra au Brésil

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié, mercredi 12 novembre, un rapport prédisant l’augmentation significative des capacités de production nucléaire d’ici à 2040, notamment en Chine. L’Europe va devoir de son côté faire face au problème du démantèlement de ses centrales.

Si l’augmentation des capacités de production nucléaire ne fait aucun doute pour l’avenir, l’Agence a néanmoins précisé que la part du nucléaire dans la production totale d’électricité resterait constante. La lecture en détail du rapport nous apprend notamment que les capacités électronucléaires augmenteront de 60 %, passant de 392 gigawatts en 2013 à plus de 620 GW en 2040. C’est du moins ce que l’étude prospective annuelle prévoit pour les pays développés.

Mais le rapport prend aussi la peine de préciser : « Cependant, leur part dans la production globale d’électricité, qui a culminé il y a près de deux décennies, n’augmentera que d’un point de pourcentage à 12%« .

La Chine, l’Inde, la Corée du Sud et la Russie

La palme revient à la Chine, participant pour 45 % à cette croissance. La talonnent l’Inde, la Corée du Sud et la Russie, puisque 30 % de cette croissance proviendront de ces pays. La part s’élève à 16 % pour les Etats-Unis. Le Japon n’est pas en reste étant prévu que la production nucléaire du pays reprenne, sans toutefois revenir au niveau de production qui était le sien avant la catastrophe de Fukushima. En 2014, 36 pays exploiteront des réacteurs, contre 31 aujourd’hui.

La tendance globale est donc à la hausse, mais en Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis, en Russie et au Japon, il est prévu que sur les 434 réacteurs qui fonctionnaient fin 2013, 200 soient mis à l’arrêt d’ici à 2014. Une opération qui va coûter cher, et pour laquelle les autorités manquent manifestement de visibilité. « Nous estimons le coût de démantèlement des centrales nucléaires mises à l’arrêt durant cette période à plus de 100 milliards de dollars« , a fait savoir l’AIE. Elle a également insisté sur le fait que « remplacer ce déficit de production représentera un défi particulièrement aigu en Europe« , appelant de fait les gouvernements à faire connaître rapidement leur modus operandi.

Bien que très vivement critiquée par les militants écologistes, l’énergie nucléaire n’est pas si facile à écarter et ce pour plusieurs raisons, et d’abord une question de dépendance énergétique. Cette source d’énergie permet de renforcer la fiabilité du système électrique dans un contexte de diversification des sources de production énergétique rappelle l’AIE. Surtout, « pour les pays importateurs d’énergie, il (le nucléaire NDLR) peut réduire leur dépendance aux approvisionnements étrangers et limiter leur exposition aux variations des prix des combustibles sur les marchés internationaux« , observe aussi l’Agence.

Energie décarbonée

Le nucléaire présente aussi des avantages environnementaux qui pèsent indéniablement dans la balance. C’est une énergie décarbonnée à considérer sérieusement alors même que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) recommande de réduire de 40 à 70 % les émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 2010 et 2050 afin de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés.

L’AIE ne manque pas non plus de le rappeler : « Il a évité l’émission d’environ 56 gigatonnes de CO2 depuis 1971, soit près de deux ans d’émissions mondiales totales au rythme actuel », avant d’estimer qu’ ?en 2040, les émissions annuelles évitées grâce au nucléaire (par rapport au niveau estimé de ces émissions à cette date) atteindront presque 50% en Corée du Sud, 12% au Japon, 10% aux Etats-Unis, 9% dans l’UE et 8% en Chine« . Des prospectives qui ne manquent pas de faire réfléchir et qui dotent les défenseurs de l’énergie nucléaire d’un solide argumentaire.

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Pierre-Emmanuel Bayan, chef de projet dans le secteur des énergies renouvelables, écologiste réaliste et volontaire.