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CO2 : « la Chine a désormais la politique la plus ambitieuse au niveau mondial »

christophe-assicotChristophe Assicot, directeur de CVDT Consulting (Beijing) Ltd, une société de conseil implantée en Chine depuis 2004, pionnière sur les marchés internationaux d’échange du CO2, spécialisée dans le développement de projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et dans le transfert de technologies bas carbone (www.cdmasia.org). Professionnel du business carbone, l’expert franco-chinois commente la crise actuelle de ces marchés du cO2 et plus globalement la pollution criante qui frappe des villes comme Pékin.

Le marché carbone est au plus bas en Europe et sous assistance respiratoire, est-ce la même chose en Chine ?

Le marche domestique d’échange du carbone en Chine est au stade expérimental. Une seule municipalité, Shenzhen, a démarré un système d’échange. Le marché national sera opérationnel en 2015. Les crédits carbone générés en Chine depuis une dizaine d’années sont destinés au marché européen grâce au mécanisme de développement propre (MDP) mis en place par les nations unies.

Pourquoi une telle situation en Europe ?

La situation en Europe est due au manque d’ambition politique. Trop de permis EUA ont été accordés par rapport aux besoins, donc le prix des permis ou crédits carbone a chuté. La faible croissance en Europe est aussi en partie responsable : ralentissement économique = ralentissement des émissions de CO2 = moins de demande de crédits carbone.

Comment fonctionnent ces marchés peu connus du grand public ? A quoi servent-ils ?

Les entreprises des secteurs industriels soumis au système reçoivent un quota d’émissions de CO2  pour une période donnée, ce quota diminuant de période en période pour les forcer à réduire leurs émissions. Si une entreprise est amenée à augmenter sa production  pour satisfaire la demande des ses clients et par voie de conséquence dépasser son quota, elle doit acheter des quotas supplémentaires à une entreprise en excédent. Le but ultime est de réduire les émissions de CO2 et de forcer les entreprises à investir dans des énergies propres.

Quelles sont les perspectives à court et moyen terme ? Des solutions sont-elles envisageables pour rééquilibrer ces marchés ?

La solution est simple et consiste à fixer des objectifs de réductions plus contraignants. La valeur du carbone va grimper et rendre plus attractif économiquement d’investir dans les énergies propres. Pour l’instant, il est moins cher de continuer à bruler des énergies fossiles.

Au-delà de la pure question du business du CO2, on parle beaucoup d’une pollution de plus en plus criante en Chine ? Est-ce la réalité ? Comment cela se traduit-il sur place et par exemple à Pékin ?

Oui c’est dramatique, surtout dans la région de Pékin. Il y a une application iphone gratuite qui mesure les particules en temps réel : Air Quality China. Selon les niveaux atteints les autorités déconseillent les activités physiques aux personnes sensibles. Il est devenu très rare de voir des niveaux de pollution qui autorisent par exemple le jogging en extérieur. A la maternelle française de Pékin, certains jours les enfants sont interdits de récréation.

Les autorités chinoises semblent prendre enfin conscience du problème, les choses sont-elles en train de changer ?

Oui, la Chine a désormais la politique la plus ambitieuse au niveau mondial, loin devant l’Europe et les Etats-Unis, mais il faudra tout de même près de 15 ans pour rétablir la situation selon les experts.

Vivant en Chine depuis maintenant plusieurs années, constatez-vous une évolution des mentalités chez les chinois en matière de respect de l’environnement ?

Oui les réseaux sociaux ont tout changé. Le gouvernement fait des efforts, mais il y a une toujours une forte corruption et l’objectif principal du chinois lambda est d’abord de s’enrichir, et si possible d’acquérir une grosse berline?

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