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Notre-Dame-des-Landes: « le transfert de l’aéroport est inéluctable »

Fabienne Borie, responsable de la communication de la Société des aéroports du Grand Ouest (société détenue à 85% par Vinci Concessions), en charge du transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique vers le site de Notre-Dame-des-Landes. Evoquant ses tentatives de discussion rejetées par les opposants au nouvel aéroport, le groupe Vinci précise le calendrier du projet.

Malgré l’intervention répétée des forces de l’ordre, la mobilisation des opposants au projet reste toujours aussi forte sur place. Quelle est la position de Vinci dans ce bras de fer entre le gouvernement et cette opposition parfois violente ?

L’opposition est une posture citoyenne et légitime pour tout projet d’infrastructure, quelle qu’en soit la nature, avec laquelle nous avons l’habitude de travailler. Vinci a l’habitude de travailler et de dialoguer avec l’ensemble des parties prenantes lors de la réalisation de toute infrastructure.

Quand nous sommes arrivés le 1er janvier 2011, après avoir été choisis par l’Etat pour construire le futur aéroport et transférer l’aéroport de Nantes dont nous assurons la gestion, nous avons proposons de dialoguer avec toutes les parties prenantes, les associations de citoyens et de protection de l’environnement, et les élus locaux. Nous avons essuyer jusqu’à présent un refus de discussion par les associations de citoyens. Nous rencontrons par ailleurs régulièrement les élus des communes concernées par le transfert.

Quelle est la position des élus locaux ?

Les élus sont divisés. Une partie d’entre-eux fait partie du collectif doutant de la pertinence du projet, et d’autres sont favorables au transfert de l’aéroport. On arrive à discuter avec chacun, dans la mesure où tous, y compris ceux qui doutent, considèrent qu’il est plus intéressant de nous rencontrer, pour discuter des mesures à envisager préalablement à la réalisation des travaux, et surtout préalablement au transfert de l’aéroport, pour participer à l’aménagement de leur territoire.

Cette forte mobilisation opposée au projet, présente actuellement sur le site a-t-elle d’ores et déjà retardé le calendrier des travaux ?

Nous sommes encore dans le calendrier, précisément dans la phase des travaux préparatoires. En 2011, nous avons réalisé l’inventaire de la faune et de la flore, qui ont fait l’objet de dossiers spécifiques instruits cette année. Le dossier « espèces protégées » a été instruit par le comité national de protection de la nature qui nous a rendu un avis positif à la rentrée.

Le dossier « loi sur l’eau » a fait l’objet d’enquêtes publiques cet été et a ensuite fait l’objet d’un rapport de la commission d’enquête, rendu à l’Etat au mois d’octobre avec là encore un avis positif, avec toutefois quelques réserves. Maintenant, il revient à l’Etat de traduire ces rapports dans le cadre d’arrêtés préfectoraux, en cours de préparation et qui devraient être publié au mois de décembre. Ils constitueront alors une feuille de route complémentaire à la réalisation des travaux préparatoires.

Parmi ces travaux prévus en 2014, on retrouve le déplacement des espèces protégées, les travaux de défrichement, des travaux de diagnostic archéologiques, préalables à la réalisation de la plateforme aéroportuaire. Ces travaux sont prévus en 2014. Enfin, cette année, en complément de tous ces travaux préparatoires, sont également engagés les travaux de la déserte routière prévue au sud du futur aéroport et réalisée par les services de l’Etat.

Quels sont les principaux motifs de grogne des opposants au projet ?

S’agissant du volet environnemental, certains nous reprochent de procéder à une compensation environnementale. Cette compensation est soit surfacique, soit fonctionnelle. Si elle est surfacique, cela veut dire que sur un hectare utilisé, on en doit deux. Or, notre choix s’est porté sur une compensation fonctionnelle, sur les conseils et recommandations du SDAGE des Pays de Loire.

Cette compensation fonctionnelle vise à rétablir les fonctions impactées dans l’environnement du fait du transfert de l’aéroport, sans forcement consommer deux fois plus de terres. L’objectif est donc de travailler avec les agriculteurs concernés par le transfert de l’aéroport pour favoriser, par voie de convention, une exploitation sous un angle plus environnemental. Ce sont des pratiques nouvelles sur des projets d’une telle envergure. Il n’est donc pas anormal que cette démarche originale suscite des interrogations.

Notre objectif est d’intégrer toute nouvelle infrastructure au mieux dans son environnement. On ne réalise plus d’infrastructures comme c’était le cas il y a plusieurs années  Les considérations environnementales sont donc complètement intégrées dans nos réflexions de constructeur et de concessionnaire.

Sur ce projet, nous avions l’opportunité de partir d’une feuille quasiment blanche et de réaliser une infrastructure en adéquation avec son environnement, en prenant notamment en compte le contexte agricole, et d’un point de vue conception, de bénéficier de tous les savoir-faire en matière d’éco-conception pour améliorer la performance environnementale de ce nouvel aéroport.

N’était-il pas plus logique et moins coûteux de réaménager l’aéroport déjà existant à Nantes ?

Située dans une région particulièrement dynamique, l’aéroport actuel de Nantes enregistre un trafic en croissance constante depuis 20 ans, en moyenne de 5,5% chaque année. Comme tout gestionnaire d’entreprise, quand l’activité croit régulièrement, et que l’infrastructure ne peut durablement répondre à la croissance de trafic ni aux nouveaux besoins des compagnies aériennes et des passagers, même avec d’importants investissements, le transfert de l’aéroport est inéluctable.

Un agrandissement n’était-il pas envisageable ?

Non, l’aéroport existant est totalement enclavé dans le tissu urbain de Nantes. Il est entouré d’activités économique et industrielle, avec Airbus notamment juste à côté, mais aussi d’habitations. Les investissements n’auraient pas été moins importants que ceux du transfert et malgré cela, il n’aurait pas été possible d’accompagner à long terme la croissance du trafic.

Selon le calendrier, quand verra-t-on le premier avion décoller de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

Fin 2017. Et encore une fois, aujourd’hui on est encore dans le calendrier tel qu’il nous a été confié dans le contrat de concession.

Enfin, quel avenir pour l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique ?

Contrairement à ce que j’entends encore parfois, je tiens à préciser que le projet de Notre-Dame-des-Landes n’est pas celui d’un second aéroport à Nantes. Il s’agit bel et bien d’un transfert de l’aéroport actuel.

Pour l’avenir du site aujourd’hui en service, il y a actuellement deux hypothèses. Partant du principe que le transfert aura lieu en 2017, soit Airbus privatisera la piste de Nantes-Atlantique pour ses besoins d’exploitation, auquel cas cela deviendra une piste uniquement consacrée au fret industriel pour les seuls besoins d’Airbus.

Soit Airbus préfère se retourner sur l’aéroport de Saint-Nazaire, et dans ce cas, le site de l’aéroport dont l’emprise appartient aux collectivités territoriales, sera réutilisé pour créer de l’habitat et de nouveaux emplois avec l’implantation de nouvelles entreprises, le tout, sans consommer de terres agricoles supplémentaires. Il s’agirait simplement d’une réoccupation.

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