Maux de tête : attention, trop d’antalgiques tue l’antalgique

Alors qu’on a facilement tendance à prendre un antalgique, paracétamol, ibuprofène ou aspirine, dès l’apparition d’un mal de tête, une récente étude menée par la Haute autorité de santé britannique, le NICE risque de changer la donne. Au lieu de soulager, l’abus d’antalgiques aggraverait le mal.

Les Français, adeptes de l’automédication, notamment en matière de maux de tête, prennent facilement un antalgique lors de l’apparition des douleurs. Ce sont ainsi de smillions de boites d’aspirine, paracétamol ou ibuprofène qui sont vendues chaque année sans ordonnance dans les pharmacies. Or, les conclusions de l’étude menées par le NICE, publiées à l’attention des migraineux notamment, révèlent que l’abus d’antalgiques pourrait avoir un effet inverse à celui escompté.

En effet,  selon la Haute autorité de santé britannique, un migraineux sur 50 souffrirait de maux de tête quotidiens en raison d’un abus d’antalgiques. Les chercheurs qualifient d’abus une prise d’ibuprofène pendant au moins 15 jours par mois et cela depuis 3 mois, pendant 10 jours pour l’aspirine ou le paracétamol. Et, selon le rapport du Nice, prendre trop d’antalgiques engendrerait alors « un cercle vicieux » responsable de « l’accélération » des maux de tête en termes de gravité et de fréquence.

Qui de l’oeuf ou de la poule… ?

Le Dr Michel Lantéri-Minet, neurologue au CHU de Nice, interrogé par le Nouvel Observateur, confirme les conclusions britanniques. « Mais l’éternelle question, c’est de savoir qui est l’?uf et qui est la poule ? Est-ce que les migraines sont devenues chroniques parce que le patient abuse des antalgiques ou est-ce que ce sont ses migraines chroniques qui le pousse  consommer toujours plus de médicaments ? » s’interroge-t-il. Une des réponse pourrait intervenir via le sevrage.

Si les Français estime qu’il serait judicieux de pratiquer un sevrage progressif, les Britanniques sont quant à eux partisans du sevrage brutal, et ce, afin de réduire l’apparition des crises. Ce sevrage, progressif ou radical, ne peut se faire sans un suivi des patients, qui retombent dans l’abus dans 40% des cas. Mais même s’il s’annonce douloureux, Manjit Matharu, neurologue à l’Hôpital de neurologie et de neurochirurgie de Grande-Bretagne, juge le sevrage brutal plus efficace. « Pendant deux ou trois semaines,  (les patients) sont susceptibles d’avoir un rebond sévère« , mais 80% d’entre-eux reconnaissent se sentir mieux et avoir des crises plus espacées et moins douloureuses. Dans tous les cas, un suivi médical est indispensable pour ceux qui veulent sortir de ce « cercle vicieux« .

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