Bruxelles veut développer une croissance « bleue » avec ses fonds marins

Et si la richesse européenne résidait dans ses fonds marins ? C’est tout en cas l’espoir qu’entretient Bruxelles en souhaitant répondre à cette question en créant une carte numérique des fonds marins des eaux européennes d’ici à 2020.

« Les océans et les mers qui entourent l’Europe offrent de nouvelles perspectives de croissance et d’emplois pour réaliser les objectifs de la stratégie Europe 2020 » affirme la Commission européenne. Mais pour exploiter ce potentiel, une meilleure connaissance de ce qui se passe sous la mer est nécessaire souligne Bruxelles.

La Commission européenne propose de créer une carte numérique des fonds marins des eaux européennes d’ici à 2020 en rassemblant toutes les données existantes dans une base de données cohérente accessible à tous. Dans un livre vert sur la « connaissance du milieu marin » adopté aujourd’hui, la Commission lance une consultation sur la manière dont cet objectif pourrait être atteint, en posant différentes questions.

« Comment les efforts déployés actuellement au sein des États membres peuvent-ils être transposés en un effort commun de l’UE ? », « Comment développer de nouvelles technologies d’observation moins coûteuses ? » et « Quelle peut-être la contribution du secteur privé ? ». La consultation est ouverte jusqu’au 15 décembre 2012.

La nouvelle carte numérique multirésolution continue des fonds marins des eaux européennes devra présenter la plus haute résolution possible et couvrir la topographie, la géologie, les habitats et les écosystèmes. Elle devra offrir un accès à des observations et des informations à jour concernant l’état physique, chimique et biologique de la colonne d’eau et être accompagnée de données connexes concernant l’incidence des activités humaines, ainsi que de prévisions océanographiques.

Une carte numérique gratuite et libre d’accès

Toutes ces informations devront être facilement accessibles, interopérables et libres d’utilisation. Le système devra être soutenu par un processus continu d’amélioration progressive de son adéquation au but poursuivi, qui permette aux États membres d’optimiser le potentiel de leurs programmes d’observation, d’échantillonnage et d’étude du milieu marin, précise Bruxelles.

« L’économie européenne peut tirer parti d’une approche plus structurée de la connaissance du milieu marin. Cette approche peut améliorer la compétitivité des personnes travaillant sur nos mers et nos côtes de 300 millions d’euros par an et générer de nouveaux débouchés équivalent à 200 millions d’euros par an » estime Maria Damanaki, membre de la Commission chargé des affaires maritimes et de la pêche.

« Il est plus difficile d’évaluer les bénéfices tirés d’une réduction des incertitudes, mais nous estimons qu’une réduction de 25 % par an des incertitudes concernant l’élévation future du niveau de la mer permettrait aux autorités chargées de la protection des côtes européennes d’économiser 100 millions d’euros supplémentaires par an. Une première série de projets pilotes a montré que cette approche était réalisable. Nous nous appuierons sur les enseignements tirés de ces projets pilotes. » affirme le commissaire européen.

Pour Bruxelles, les mers et les océans qui entourent l’Europe peuvent générer des emplois motivants et gratifiants qui répondent aux attentes des jeunes, fournir l’énergie propre nécessaire afin d’éviter une catastrophe climatique, être la source de protéines pour un régime alimentaire sain et permettre d’obtenir des produits pharmaceutiques ou des enzymes à partir d’organismes qui vivent dans les conditions de température, d’obscurité et de pression les plus extrêmes. De plus, l’extraction en haute mer peut répondre à la demande mondiale croissante de matières premières pour la Commission européenne.

Vers une croissance « bleue »

A ce titre, l’Europe considère que deux évolutions sont à l’origine de ces nouvelles perspectives de croissance et d’emplois « bleus ». Premièrement, la pénurie de terres et d’eau douce encourage l’homme à se tourner à nouveau vers les ressources présentes dans l’eau salée qui occupe 71 % de la surface de notre planète. Deuxièmement, les progrès rapides accomplis dans les technologies d’observation, de télémanipulation et de construction sous?marines, développées essentiellement par l’industrie pétrolière, peuvent être utilisés dans toute une série d’autres industries naissantes dans des conditions météorologiques et océanographiques très variées.

Actuellement, si certaines données existent, elles sont détenues par des centaines d’institutions en Europe. Il est donc difficile de trouver des données sur un paramètre précis dans un domaine particulier ou d’obtenir l’autorisation de les utiliser, et la création d’un ensemble cohérent de données mutuellement incompatibles à partir de sources différentes demande beaucoup de temps.

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