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« Si l’entreprise suit une politique environnementale, la logistique globale doit y trouver aussi sa place »

Le 15 juin prochain, de 15H à 17H, sera présenté à Rennes, le bilan de l’action collective « Logistique en Bretagne » initiée par la DIRECCTE Bretagne avec le concours de l’ASLOG, suivi de la remise des certificats Logistique aux 13 PME-PMI bretonnes engagées dans la démarche.*

Menée de Juillet 2010 à mars 2012, cette action collective avait pour mission de sensibiliser les PME (encore trop en retrait sur la question) aux enjeux de la logistique, d’en accompagner 20 d’entre elles à la conduite de l’audit fondamental sur la mesure de la performance logistique? en vue, in fine, d’améliorer celle-ci (identification de leviers de progrès / construction d’un plan  d’actions concrètes).

Parmi les nombreux points qu’abordait le référentiel de l’audit : la logistique et le développement durable. Bonne question ? Quelques éléments de réponse avec Christian Kermoal, Consultant Senior au cabinet Immergence Productive (Chantepie/35) directement en charge de l’opération dans la région.

Sur différents items, et en vue de gagner des points susceptibles de les mener vers la certification, les PME devaient attester de démarches engagées? peu ou prou. Qu’en est-il ressorti sur la question des emballages et conditionnements ?

L’emballage a trop longtemps été considéré comme annexe par rapport au produit et l’attention qu’on lui accorde reste trop limitée (« qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », ou plus actuel : « l’important, c’est ce qu’il y a dans la boîte »).

Mais la grande distribution nous montre que l’emballage devient partie intégrante du produit et même un argument de vente déterminant. Ceci dit, au vu de nombreux facteurs contradictoires dans lesquels intervient l’emballage, on comprend que sa conception n’est pas évidente. Et la plupart du temps, une conception « au moins cher » aura des conséquences désastreuses lors de l’exploitation. Là encore, la prévention est source de progrès.

Etaient ici gagnantes (3 pts), les PME qui attestaient qu’en matière de standardisation et de modularisation, était bien appliqué le même soin que pour les produits? et que chaque fois que cela était possible, une solution recyclable était choisie.

La prise de conscience de l’environnement et du développement durable devrait conduire à des réglementations draconiennes en ce qui concerne l’écologie. Les emballages perdus pourraient bien être dans l’?il du cyclone. Les organisations performantes en termes de conception d’emballage auront alors une longueur d’avance.

Autre item sur lequel vous vous penchiez : comment les critères appliqués pour la catégorisation des retours (réparation, rénovation, remise en production, cannibalisation, recyclage, ?) étaient choisis par la PME?  Et comment une filière de recyclage éventuel était identifiée et connue des partenaires de l’entreprise?

Cannibalisation, remise en production et recyclage procède d’une logique : celle de la réutilisation d’un produit ayant déjà servi.

La cannibalisation est une pratique classique chez les constructeurs et les utilisateurs de machines complexes : aéronautique, constructions navales, ferrées, grandes lignes d’assemblages. Il s’agit de réutiliser des sous-ensembles complets parfaitement identifiés et bénéficiant le plus souvent un suivi individualisé : livret de bord, fiche matricule d’équipement ? La cannibalisation consiste alors à récupérer sur un ensemble supérieur en fin de vie, une « boîte noire » ou une fonction complète pour l’utiliser après vérification et réparation éventuelle sur un ensemble identique mais ayant encore du potentiel.

La filière de réutilisation de ces sous-ensembles est parfaitement tracée. Vous pouvez vous contenter d’en vérifier le bon fonctionnement sur le terrain à partir des règles fixées par l’entreprise.

Plus difficile à suivre? la même technique peut être employée pour réutiliser des éléments non identifiés ou des composants. Mais la filière de réutilisation peut être tracée de la même manière : l’auditeur s’attache alors à mettre en évidence le flux physique de récupération, le stockage éventuel des éléments récupérés, leur test, leur identification après vérification, leur suivi dans le cas de matériel critique, leur réintroduction dans le cycle de fabrication.

Dans ce dernier cas des règles doivent exister sur les quantités, les pourcentages de produits à réutiliser. La connaissance par le client de l’introduction de produits de récupération dans une fourniture doit lui être clairement indiquée.

Rappelons que l’élimination des déchets et la récupération des matériaux, la gestion des déchets industriels et notamment des emballages est fixée par la loi. La connaissance de la législation et son application dans le cadre d’une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE) sont un minimum.

Enfin, autre item : comment les contraintes environnementales ont-elles été intégrées dans la stratégie logistique des PME?

Si l’entreprise suit une politique environnementale, la logistique globale doit y trouver aussi sa place. Cela peut ainsi s’étager :

– l’entreprise a déjà démarré une démarche qui pourrait conduire à terme à une certification selon la norme ISO 14001. Il ne s’agit pas d’une simple déclaration d’intention. Le processus est réellement entamé. L’entreprise peut apporter la preuve d’actions concrètes engagées dans ce sens. Un responsable est nommé qui peut même être le responsable Qualité. Un calendrier est défini.

– l’entreprise est certifiée selon le système des normes ISO 14001. Cette démarche est active : les indicateurs ne s’arrêtent pas à la semaine avant le dernier audit de certification ! L’impact de cette certification est sans effet sur le travail, les contraintes, les ressources de la logistique. L’intégration des normes et processus associés s’est faite sans conséquence négative sur le fonctionnement actuel de la logistique.

– stade ultime : non seulement l’entreprise est certifiée ISO 14001 mais sa situation quotidienne traduit son respect de cette certification. La démarche environnementale est profonde et culturelle. La démarche permanente et volontaire d’amélioration a donné des résultats visibles. Les indicateurs montrent un progrès continu. La démarche logistique globale de l’entreprise s’en trouve renforcée.

Propos recueillis par Serge Marshall

* Cet événement aura lieu à la CCIT de Rennes et se fera en présence de Gilles Tauzin, chargé de mission auprès du Préfet de Bretagne et Chef  Division Internationale Compétitivité et Innovation, ainsi que de  Frédéric Hendrick, Président de l’ASLOG.

Créée le 15 février 2010, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) est l’interlocuteur unique de l’Etat en région au service des entreprises et des acteurs socio-économiques.

Créée en 1972 ; l’Association Française de la logistique promeut  la démarche logistique globale dans les filières de l’économie (Industrie, services, hôpitaux  administrations, IAA). Elle compte 1500 adhérents dont Thalès, Moy Park, Gazeley France, Legris-Parker?

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Journaliste économique, animateur de débats, colloques et séminaires.