Radioactivité : les conséquences sanitaires des « très faibles expositions » en question

Considérant « avec prudence » les résultats pourtant inquiétants de l’étude de l’Inserm sur les cas de leucémies de l’enfant autour des centrales nucléaires, l’IRSN précise cependant la nécessité d’approfondir les recherches en la matière, s’agissant notamment de l’impact sanitaire des « très faibles expositions » radioactives.

Sans « conséquences opérationnelles directes » immédiates, le « signal statistique », qui en rejoint d’autres établis par le passé, « ne doit pas être ignoré ». C’est en ces termes que l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a commenté hier les résultats très inquiétants obtenus par l’étude réalisée par l’Inserm, en partenariat d’ailleurs avec l’IRSN.

La revue scientifique « International Journal of Cancer » vient de publier une étude épidémiologique réalisée par une équipe de chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, à laquelle des chercheurs de l’IRSN ont également contribué, concernant la fréquence des leucémies chez l’enfant autour des centrales nucléaires françaises. L’étude jugée trop parcellaire, révèle un excès de leucémies infantiles dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires françaises sur la période 2002-2007.

Pour l’IRSN qui relativise ces résultats, cette étude repose sur « un très faible nombre de cas » (14 constatés contre 7,4 attendus selon la moyenne nationale), pour une incidence de cette pathologie qui est relativement stable à l’échelle du pays, de l’ordre de 500 cas par an pour la France entière. L’institut rappelle qu’une étude antérieure réalisée dans le cadre de cette même collaboration Inserm/IRSN sur la période 1990/2001 n’avait d’ailleurs pas montré de tel excès.

L’impact des « très faibles expositions » trop méconnu

Cependant, l’IRSN ne prend pas ces résultats à la légère. L’institut en charge de la radioprotection des Français estime que ce « signal statistique », qui rejoint « d’autres de nature comparable » établis par le passé, et dans d’autres pays, « ne doit pas être ignoré », et justifie la poursuite d’investigations scientifiques dans 2 directions principales.

L’IRSN souhaite tout d’abord la réalisation « dans de bonnes conditions », d’études épidémiologiques d’ampleur internationale, pour accroître la puissance statistique et donc la représentativité des résultats. Par ailleurs, l’institut préconise un effort de recherche sur les effets sanitaires des faibles doses de rayonnements ionisants doit être amplifié, car il subsiste aujourd’hui trop d’inconnues dans ce domaine pourtant très sensible pour la société.

A ce titre, l’IRSN reconnaît qu’en matière de  « très faibles expositions », le dispositif français de radioprotection actuel reste « lacunaire », notamment en termes de compréhension des phénomènes biologiques en jeu.

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