Energie : la facture moyenne des français a augmenté de 10%

Le Service de l’observation et des statistiques du Commissariat général au développement durable vient de publier le Bilan énergétique de la France pour 2010. Si la consommation énergétique française n’a augmenté que de 1,4%, la hausse des prix pour un ménage moyen a fait flamber la facture annuelle d’électricité qui a augmenté de 9,5% et celle des carburants de 10,5%.

Globalement, après une année 2009 de crise et de baisse de la consommation, 2010 a enregistré en Europe une reprise modérée de l’économie. En matière énergétique, la demande mondiale des pays émergents a continué à tirer les prix vers le haut, relèvent les statisticiens Commissariat général au développement durable. En France les mois d’hiver 2010 ont été particulièrement froids, ce qui a entraîné une surconsommation de chauffage de plus de 10 %, estimée à 4,6 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep).

Production française record

La production nationale d’énergie primaire est de 138,6 Mtep, dépassant de 0,2 Mtep le précédent record de 2008. Presque toutes les énergies contribuent à cette progression. Le nucléaire se redresse de 4,6 %, il n’est plus que 5 % en dessous de son niveau maximum, atteint en 2005. Sa reprise a permis de faire face aux vagues de froid de janvier et décembre.

La production hydraulique retrouve presque un régime conforme à la moyenne. L’éolien progresse encore sensiblement (+ 19 %) et le photovoltaïque triple, mais ne représente encore que 0,6 Mtep. L’extraction nationale d’énergies fossiles classiques est stable à 2,5 Mtep, l’équivalent de cinq jours de consommation finale. Et les énergies renouvelables thermiques et la valorisation énergétique de déchets progressent nettement de 10,7 % (+ 1,7 Mtep).

La consommation d’énergie primaire totale augmente de 3,8 %. Une fois corrigée des variations climatiques, elle augmente un peu (+ 1,7 %), mais reste bien inférieure à ce qu’elle était avant la crise. Avec 266 Mtep, elle est même en-dessous de son niveau de 2000. Sa progression était de 4 Mtep par an en moyenne pendant les années 1990, puis de 2 Mtep seulement en 2001 et 2002. Depuis, à part une hausse en 2004, elle était restée stable jusqu’au net décrochage de 2009.

Nouveau recul de la consommation de pétrole

L’agrégat constitué des énergies renouvelables thermiques et des déchets valorisés continue sur sa lancée (+ 5,1 %). Le rythme fléchit un peu, mais la progression a été permanente depuis 2006 (+ 37 % en 4 ans). Pour autant, cet ensemble ne représente encore que 6,4 % de la consommation primaire totale. Stimulée par la rigueur climatique, la consommation de gaz bat ses records absolus. Mais, une fois corrigée, elle retrouve le niveau autour duquel elle fluctuait avant la crise, entre 2002 et 2008. La consommation d’électricité primaire1 (+ 2,9 % corrigée des variations climatiques) retrouve son niveau de 2008.

S’agissant de la consommation de pétrole, le recul se confirme en 2010 (- 3,4 %, après – 3,9 %). Il ne représente plus que 31 % de la consommation primaire totale, contre 34,5 % en 2002. Les importations de pétrole brut chutent à nouveau avec la baisse des activités de raffinage. La hausse des prix et l’évolution des véhicules jouent à la baisse sur la demande de fioul et de carburants. La consommation de charbon augmente sensiblement, mais est loin de compenser sa chute de 2009 (+ 6,5 %, après – 11,1 %).

La directive sur les énergies renouvelables a introduit ses propres indicateurs, différents de ceux des bilans de l’énergie. Selon ces indicateurs, la part des énergies renouvelables est passée de 12,4 % en 2009 à 12,9 % en 2010. La France dépasse ainsi l’objectif intermédiaire qu’elle s’était fixé pour 2010 dans son plan national d’action pour atteindre sa cible de 23 % en 2020.

Le Commissariat général au développement durable souligne que les bons résultats sont dus aux pompes à chaleur, à la biomasse (dont une part toutefois correspond à la surconsommation de bois liée à la rigueur du climat de 2010) et au biogaz. Les productions sont en revanche inférieures à ce qui était prévu surtout pour l’éolien, la géothermie, la production électrique à base de biomasse et le solaire thermique.

10 ans que la consommation finale n’augmente plus

La consommation finale énergétique ne réaugmente que de 1,4 %, après une baisse de 3,7 % en 2009. À 158 Mtep, elle reste donc un peu inférieure au palier où elle s’était stabilisée depuis 2001. Cela fait donc dix ans que la consommation d’énergie finale n’augmente plus. Auparavant, elle avait progressé régulièrement : au milieu des années 1980, elle était inférieure à 130 Mtep.

Le secteur résidentiel et tertiaire diminue sa consommation (corrigée du climat) de 1,2 %. La forte hausse des énergies renouvelables (+ 4,8 %) et de l’électricité (+ 4,3 %) y est plus que compensée par la baisse du gaz (- 2,5 %) et du pétrole (- 5,5 %, baisse portant principalement sur le fioul domestique). Pour le chauffage, qui constitue l’essentiel de la consommation du secteur, les Français délaissent manifestement les énergies fossiles, dont, il est vrai, les prix semblent orientés durablement à la hausse.

Le Service de l’observation et des statistiques note une consommation des transports est en légère hausse (+ 0,8 %), après deux années de baisse. L’augmentation de la circulation routière (+ 1,9 %), due surtout à la reprise du trafic poids lourds après la crise, n’a pas induit une augmentation du même ordre de la consommation de carburants grâce en particulier à l’amélioration des performances du parc (progrès technique, prime à la casse, effets du bonus-malus).

Hausse de la consommation industrielle

La reprise entraîne une plus forte augmentation de la consommation d’énergie de l’industrie (+ 8 %). Là encore, la hausse ne reprend qu’une partie de la baisse enregistrée en 2009 et le niveau 2010 est inférieur à celui de 2008. L’augmentation la plus spectaculaire est celle de la sidérurgie (+ 21 %, après – 28 % en 2009). De son côté, la consommation de l’agriculture et de la pêche baisse de 2 %.

Les turbulences économiques ne sont pas favorables aux progrès de l’intensité énergétique. L’intensité énergétique finale, quantité d’énergie finale consommée par unité de PIB, ne diminuerait que de 0,1 %, contre 1,0 % en 2009 (chiffre révisé) et 1,5 % en moyenne de 2002 à 2008. La reprise de l’activité est en effet d’abord une reprise industrielle. Elle a donc pesé sur l’intensité énergétique totale de l’économie car la croissance industrielle a besoin de plus d’énergie que la même croissance dans le secteur tertiaire.

Les émissions de CO2 liées à l’utilisation de l’énergie sont estimées en hausse de + 2,2 %. Mais si l’on ramène ces émissions à ce qu’elles auraient été si le climat de cette année avait été conforme à la moyenne trentenaire, on obtient une baisse de 0,6 %. C’est-à-dire que la reprise de l’activité économique s’est faite sans supplément d’émissions.

Facture de 46,2 milliards d’euros

La facture énergétique de la France s’élève à 46,2 milliards d’euros, en hausse de 20 % en un an. Elle représente ainsi 2,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010 après 2,0 % en 2009 et 3,0 % en 2008, contre 1 % pendant les années 1990. Pour le ménage moyen, la hausse des prix a porté la facture annuelle d’électricité et combustibles à 1 600 ? (+ 9,5 %), et celle de carburants à 1 300 ? (+ 10,5 %).

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