Bousculé à l’international, EDF joue son avenir en France

  • par Pierre Robert
  • 16/02/2011
  • Energie
  • 3

Premier exercice sous la responsabilité pleine et entière d’Henri Proglio, le bilan 2010 publié hier par EDF se révèle pour le moins mitigé. Victime d’échecs retentissements aux Etats-Unis avec Constellation et en Italie avec Edison, l’énergéticien français a été contraint de passer dans ses comptes des provisions exceptionnelles de 2,9 milliards d’euros. Et 2011 ne s’annonce pas forcément plus simple.

Pour Henri Proglio qui relativise les mauvais résultats d’EDF, 2010 est « une année de reconfiguration ». Un commentaire très mesuré à la lecture de l’exercice du groupe français, et de la baisse de 73,9% de son bénéfice net part du groupe, à seulement 1,02 milliard d’euros. La principale bonne nouvelle vient du chiffre d’affaires en progression de 10,2% à 65,16 milliards d’euros et de la baisse de l’endettement important de l’énergéticien français.

Selon l’ancien patron de Veolia et actuel président d’EDF « 2010 a été l’année des grands chantiers, qui ont permis au groupe de retrouver une situation financière assainie » en conduisant à un désendettement global du groupe de près de 20 milliards d’euros. Le groupe a réalisé l’an dernier 3 opérations majeures : la vente des réseaux de distribution d’électricité au Royaume-Uni, la cession en cours de sa participation dans l’allemand EnBW et l’affectation de 50 % de RTE au portefeuille d’actifs dédiés.

Pas bon à l’international, meilleur en France

Outre les trous d’air américains et italiens, les résultats d’EDF au Royaume-Uni ont été décevants, nettement moins bons en 2010 qu’en 2009, tout comme les activités de trading, en baisse de 31%. Mais si les chiffres du groupe français se sont révélés plutôt mauvais à l’international, ils ont été plutôt bons en France. En progression de 7,7%, EDF a bénéficié de la hausse de la production d’électricité nucléaire, en hausse de 5% et hydraulique, à +10%.

« Un groupe reconfiguré et un endettement financier net fortement réduit et un potentiel de croissance renforcé et un profil de risque amélioré », c’est en ces termes que le groupe français présente ses chiffres 2010. Mais à y regarder de plus près, cette « reconfiguration » a coûté très cher à EDF. Car si l’énergéticien français peut se féliciter de l’augmentation de sa production nucléaire et hydraulique en hausse de 5% l’année passée, il peut nourrir quelques inquiétudes à la lumière de la chute de son bénéfice de près de 74%, surtout à la veille d’une année 2011 qui se profile comme une année charnière.

Bousculé en 2010, EDF va devoir apprendre à partager en 2010. Avec la loi Nome, sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité, l’énergéticien français va devoir jouer serré pour que cette nouvelle réglementation ne lui coûte pas trop cher. L’enjeu est lié au prix du MWh qui sera fixé prochainement. Henri Proglio a récemment affirmé qu’à 42 euros, cela coûterait 10 milliards d’euros à EDF sur 4 ans.

Loi Nome et nucléaire

Mais les prochains mois seront également décisifs pour EDF en matière nucléaire, enjeu majeur pour le groupe d’Henri Proglio. Le Conseil de politique nucléaire doit se réunir dans le courant du printemps pour organiser la nouvelle stratégie nucléaire française, et décider de son leadership.

Opposé frontalement à Anne Lauvergeon et à la concurrence d’Areva, Henri Proglio espère se voir confier les rênes de l’industrie atomique française, pour profiter pleinement de la croissance d’un marché nucléaire redevenu porteur. Au final, dans ce dossier comme dans beaucoup d’autres, c’est l’Etat, actionnaire d’EDF, qui tranchera.

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