Déchets nucléaires : la sécurité menacée par les questions de rentabilité

Dans un rapport publié hier, l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, l’Opecst, a rappelé les acteurs de la filière nucléaire à l’ordre. En effet, selon ce rapport d’évaluation, la crédibilité et la sécurité des projets d’enfouissements et de réduction des déchets nucléaires risquent d’être remises en cause « au nom de la rentabilité à court terme ».

Le rapport d’évaluation s’inquiète donc de la politique de gestion des déchets nucléaires en France, menée par un acteur dont la « rentabilité à court terme » pourrait nuire au bon développement des projets. Il dénonce plus particulièrement les « inconvénients d’une privatisation croissante » de la filière. Pour les députés Claude Birraux, UMP, et Christian Bataille, PS, des « préoccupations financières de courte vue » peuvent aller à l’encontre des intérêts de la filière dans son ensemble.

La remise en cause de l’Andra

Dans ce rapport, l’Opecst, déplore l’attitude des grands producteurs de déchets, « EDF en tête, suivi d’Areva et du CEA » qui cherchent à remettre en cause la compétence de l’Andra dans les projets d’enfouissement des déchets les plus dangereux. Plus concrètement, les parlementaires jugent que la réévaluation du coût du projet, qui est passé de 15 à 35 milliards d’euros pour tenir compte des nouvelles normes de sécurité, serait à l’origine de cette remise en cause de l’Andra. Claude Birraux explique que « les industriels proposent des solutions techniques alternatives dont l’impact sur la sécurité reste totalement à évaluer« .

De plus, la loi interdit aux trois grands producteurs de déchets nucléaires de se substituer à l’Andra. Une mission de service publique ne saurait être confiée « à des sociétés, avant tout intéressées à maximiser leurs profits, et susceptibles de passer, à terme, sous contrôle privé » précise bien le rapport. « Les acteurs de l’industrie nucléaire doivent se reprendre (…) Il conviendrait qu’ils se réapproprient l’idée que l’avenir de la filière dépend crucialement de sa capacité à démontrer qu’elle sait gérer les déchets radioactifs dans les meilleures conditions de sûreté, » conclut-il.

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