La polémique de l’ancienne mine d’uranium du Cantal « réactivée »

La CRIIRAD revient sur les travaux d’Areva qui seront menés courant juillet, sur l’ancien site minier d’uranium à  Saint-Pierre-du-Cantal, annoncés récemment par les autorités préfectorales. Dénonçant depuis longtemps l’impact radiologique du site minier sur certaines habitations contaminées, le laboratoire juge ces travaux « très insuffisants ».

Se basant sur l’avis intitulé « Travaux sur l’ancien site minier d’uranium à Saint-Pierre-du-Cantal » publié dans le quotidien régional « La Montagne » le 22 juin dernier, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité profite de l’occasion pour rappeler la situation radiologique inquiétante de cette zone contaminée. Dans le cadre de la circulaire Borloo du 22 juillet 2009, cet avis annonce notamment qu’ « Areva met en place une clôture autour de la zone de stockage des résidus de l’ancienne usine de traitement identifiée comme la zone sensible du site ».

Si la CRIIRAD juge « positif » le fait que le géant français du nucléaire prenne enfin en considération la nécessité de décontaminer certaines parcelles à Saint-Pierre, la commission considère que les mesures proposées ne sont « pas à la hauteur des enjeux ». Pour la CRIIRAD, les décisions prises par les membres du Groupe de Travail Technique (IRSN, Areva, DREAL, ARS), lors de la réunion du 21 juin 2010, en présence du Sous-préfet de Mauriac et du Maire de Saint-Pierre ne prennent pas en compte les recommandations de la CRIIRAD transmises le 18 juin 2010.

Radioactivité anormalement élevée

Concrètement, Areva propose en effet de « ne retirer qu’une partie des terres contaminées et des déchets radioactifs présents sur les parcelles » où ont été construites les 3 villas du lotissement communal. La CRIIRAD précise que les terres situées au sud des villas ne seront pas retirées alors que leur radioactivité est anormalement élevée.

La CRIIRAD affirme qu’Areva refuse en outre de réaliser des échantillonnages permettant de vérifier si des déchets radioactifs sont présents sous les villas. Leur présence est « hautement probable » dans la mesure où les relevés radiamétriques effectués par la CRIIRAD en 2006 ont montré que la contamination est détectable contre le mur nord de la villa centrale.

La présence de ces déchets explique, selon la commission, que la concentration en radon 222 dans l’air intérieur de certaines de ces villas (gaz radioactif cancérigène) dépasse très largement les recommandations de l’OMS (100 Bq/m3) et le seuil d’intervention en urgence de 1000 Bq/m3 fixé par la réglementation française pour les Etablissements Recevant du Public. La CRIIRAD a mesuré en effet jusqu’à 5 000 Bq/m3 dans la chambre d’une des villas.

Dans le cadre des mesures effectuées en 2003, la CRIIRAD a relevé, à 1 mètre du sol, un débit de dose 6 fois supérieur à la normale au niveau du terrain de foot. Un carottage effectué par la CRIIRAD en 2006 a confirmé la présence de déchets radioactifs. Il s’agit de résidus d’extraction de l’uranium (activité en radium 226 de 47 700 Bq/kg) précise la commission.

Terrain de foot touché

Ces déchets sont présents en surface du sol ainsi qu’en profondeur et au contact des eaux souterraines. Le terrain de football est ainsi un stockage de déchets radioactifs qui ne présente aucune garantie de confinement. Or Areva ne prévoit pas de retirer ces déchets radioactifs mais seulement de conduire des « travaux de recouvrement avec des terres neutres de la partie du terrain de sport plus fortement émettrice » regrette la CRIIRAD.

La mine d’uranium exploitée de 1958 à 1981, et l’usine de traitement des minerais de 1976 à 1985 laissent un héritage de plus de 530 000 tonnes de déchets radioactifs non conditionnés, enfouis directement dans les excavations minières, souligne la CRIIRAD. Ces déchets constituent pour le très long terme, environ un million d’années, « une source de contamination considérable pour l’environnement », et notamment pour le plan d’eau aménagé en contrebas affirme les experts indépendants.

Les relevés radiamétriques et les analyses en laboratoire effectuées par la CRIIRAD ont révélé la présence de déchets radioactifs dans le domaine public, y compris sur des parcelles dépourvues de toute servitude et sur des terrains habités. Les contaminations mises en évidence dans un lotissement, au niveau du plan d’eau, du terrain de foot, du stand de tir, etc. montrent l’absence de prise en compte des risques radiologiques dans les projets de construction et la mise en place d’équipements publics, dénoncent les scientifiques de la commission.

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