Le Japon sauve sa soupe… mais pas les requins

Si la question du thon rouge a fortement mobilisé l’opinion publique avant l’ouverture de la Conférence de la Cites, réunie à Doha, le sort de beaucoup d’autres espèces menacées est discuté actuellement au Qatar dans une relative indifférence. La Cites a refusé de protéger plusieurs espèces de requin menacés d’extinction, comme le requin-marteau.

C’est la soupe à la grimace chez les défenseurs des requins. Considérée comme argumentée, la proposition des Etats-Unis de classer le requin-marteau halicrone (Sphyrna lemini) à l’Annexe II de la Cites a été rejetée, n’obtenant pas la majorité des deux tiers requise. Pourtant, la population du requin-marteau aurait chuté de 83 % en Atlantique Nord-Ouest entre 1981 et 2005 et de 50 à 64 % dans d’autres zones, selon la FAO.

Le même sort a été réservé à la proposition de classer également le requin océanique (Carcharhinus longimanus ou requin à longue nageoire). L’opposition systématique du Japon, grand consommateur de ces poissons, a permis de bloquer cette protection.

En danger critique

Ces deux espèces figurent sur la liste rouge de l’UICN (Union mondiale pour la conservation de la nature) comme espèce « mondialement en danger » et même en « danger critique » pour le requin océanique en Atlantique-Ouest. Recherchés pour la qualité de leurs ailerons, ces grands poissons à croissance lente se reproduisent peu. Leur classement était recommandé par l’UICN et la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation.

Sur les 4 espèces de requin proposées à la Cites, seul le requin taupe a finalement obtenu la protection de la Convention, qui autorisera désormais son commerce qu’accompagné de certaines garanties quant à sa préservation. Essentiellement pêché dans les eaux tempérées de l’Atlantique Nord-Est, le requin taupe ou Lamna nasus a bien été considéré comme une espèce « en danger » et à ce titre son commerce sera accompagné d’avis de commerce non préjudiciable à l’espèce, afin d’en réguler les prises.

Depuis l’ouverture de la Convention le 13 mars dernier, le requin taupe est la seule espèce marine commerciale à rejoindre les Annexes de la Cites, après notamment le rejet du thon rouge. (voir l’interview de Jean-Marc Fromentin sur le thon rouge sur Enviro2B) Déjà en grand danger, plusieurs espèces de requin pourraient à terme quasiment disparaître des océans, victimes du commerce de leurs ailerons.

Coalition asiatique menée par le Japon

Soutenu notamment par l’Indonésie et la Chine, grands consommateurs également de soupes à base d’ailerons de requin, le Japon est parvenu jusqu’ici à bloquer, au Qatar, toute réglementation limitant la pêche et le commerce de ses grands poissons, pourtant en grand danger.

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