Des pistes de recherche pour traiter enfin le Chikungunya

C’est une nouvelle qui devrait donner de l’optimisme aux réunionnais particulièrement concernés par le Chikungunya. Des chercheurs annoncent avoir identifié des mécanismes importants de la maladie qui a provoqué la mort de 250 victimes à la Réunion, globalement très présente dans l’Océan indien.

Maladie infectieuse tropicale, le Chikungunya est un alphavirus (CHIKV) qui se transmet par des moustiques du genre Aedes. Le Chikungunya avait très fortement secoué l’île de la Réunion entre 2005 et 2006 en affectant près de 300 000 personnes , soit près de 40% de la population réunionnaise. Près de 2 200 patients avaient dû être hospitalisés et 250 étaient décédés.

Car cette maladie tropicale ne bénéficie d’aucun vaccin ou traitement spécifique de l’infection chez l’Homme. Très présente en Inde où 1,3 million de personnes auraient été infectées et dans les îles de l’Océan Indien, cette maladie est encore trop méconnue. Avec la collaboration de partenaires de l’IRD, du CNRS, et des universités de la Méditerranée et de Paris Descartes, des chercheurs du CEA, de l’Université Paris-Sud 11, de l’INRA et de l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes-Oniris annoncent une découverte qui offre une piste de recherche intéressante pour de futurs traitements et vaccins.

Ces chercheurs annoncent avoir « décrypter certains mécanismes de la pathologie du Chikungunya grâce à un modèle animal particulièrement représentatif de ce qui se passe chez l’Homme ».  Les chercheurs ont montré pour la première fois que les macrophages sont le siège de la conservation du virus dans l’organisme, suggérant leur rôle dans la persistance des symptômes observés plusieurs mois après la phase aiguë de l’infection.

Atteintes des articulations, des muscles, du foie

Ils ont mis en évidence certaines caractéristiques propres de la pathologie comme des atteintes du foie en phase aiguë. Mais la découverte la plus marquante est le fait que ce virus infecte, notamment, des cellules impliquées dans les premières étapes des mécanismes de défense de l’organisme : les macrophages et les cellules dendritiques. Ces cellules peuvent héberger le virus plusieurs mois et possèdent également la propriété d’infiltrer des tissus comme les articulations, les muscles, les organes lymphoïdes et le foie.

Ces résultats, qui permettent de mieux comprendre les mécanismes conduisant à la maladie, constituent une étape importante dans le processus de l’innovation en thérapeutique. Les chercheurs du CEA disposent maintenant des outils qui permettent de tester de nouveaux traitements en laboratoire. Ceci est essentiel puisque les traitements actuels à la disposition des médecins sont uniquement symptomatiques.

Ces travaux, publiés online par la revue Journal of Clinical Investigation, ouvrent des pistes pour le développement de thérapies, aussi bien préventives que curatives, pour cette pathologie qui représente un véritable enjeu de santé publique.

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