Le Port de Cherbourg va au charbon pour défendre son projet

port-cherbourgAprès la spectaculaire manifestation de Greenpeace contre son projet de terminal dédié au charbon, Port de Cherbourg SAS défend sa position notamment économique sur ce dossier, qui représenterait près de 10 millions d’euros de chiffres d’affaires annuel et une trentaine d’emplois.

Dans la guerre médiatique, on connaît le savoir-faire des écologistes de Greenpeace, passée maître dans les manifestations « photogéniques ». Il y a quelques jours, plusieurs militants de l’association déversaient 8 tonnes de charbon devant l’entrée du ministère de l’environnement. Greenpeace souhaitait alerter les médias et faire pression sur Jean-Louis Borloo pour s’opposer au projet de création d’un terminal en vrac dédié au débarquement de charbon en provenance notamment d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Attaqué, le Port de Cherbourg joue la transparence en défendant son projet, « pour que chacun puisse construire sa propre opinion. Objectivement, sereinement« . Pour ce faire, le porteur de ce dossier a décidé de communiquer dans la presse régionale, mais aussi de créer un site internet dédié pour apporter des réponses claires et concrètes au public.

Car pour le promoteur de ce projet, si la France a réussi à se passer du charbon, c’est encore loin d’être le cas dans le reste du monde. Le Port de Cherbourg rappelle ainsi que rien qu’en Europe, il contribue par exemple pour plus de 50% à la production d’électricité en Allemagne ou au Danemark, et même à plus 70% en Grande-Bretagne. Pour le port normand, « quels que soient les efforts et les progrès réalisés pour développer les énergies renouvelables et favoriser les économies d’énergies, les Anglais, Allemands, Danois… auront donc encore longtemps besoin de charbon pour leurs centrales« .

Charbon de bonne qualité

Avec les objectifs européennes de lutte contre le réchauffement climatique, les exploitants de ces centrales sont néanmoins contraints de réduire leurs émissions polluantes de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, ils se tournent de plus en plus vers des charbons à forte valeur énergétique et contenant peu d’impuretés. Le Port de Cherbourg considère qu’ils devraient permettre dans un futur proche de mettre en oeuvre les techniques de captage du CO2.

De bonne qualité, ces charbons, extraits dans les mines à ciel ouvert de Colombie et d’Afrique du Sud, arrivent par navires « capesize » dont les cargaisons doivent nécessairement être redistribuées avant de parvenir par caboteur jusqu’aux utilisateurs. C’est ainsi que le charbon destiné aux centrales britanniques transite jusqu’à présent par les terminaux de Rotterdam et Terneuzen aux Pays-Bas.

Atout géographique unique

Sans viser une augmentation des importations européennes de charbon, « l’objectif du projet de terminal vrac à Cherbourg est de capter au profit du port une partie de ce trafic de transbordement » affirme le Port de Cherbourg. Pour ce faire, le cherbourgeois considère qu’il possède « un atout majeur pour réussir : sa position maritime unique« . C’est cet atout-là que le projet de Terminal Vrac veut valoriser.

Placé à l’extrémité du Cotentin juste à l’entrée de la Manche Est, Cherbourg est en effet sur la route naturelle des grands navires « capesizes » arrivant en Europe, précise le Port de Cherbourg. En faisant leur première escale européenne à Cherbourg, pratiquement sans avoir besoin de se détourner, ces grands navires réduisent leur trajet, économisent du carburant et optimisent leurs rotations.

10 millions d’euros et 30 emplois

La position de Cherbourg permet également d’optimiser le post-acheminement par les caboteurs jusqu’aux différentes centrales. Ainsi non seulement le projet n’accroît pas les rejets des centrales électriques britanniques, mais il contribue au contraire à réduire leur empreinte environnementale globale.

Selon le Port de Cherbourg, le chiffre d’affaires annuel direct du projet pourrait avoisinner les 10 millions d’euros et représenter une trentaine d’emplois directs sans compter les retombées économiques indirectes pour la ville et la région. Des arguments qui pourraient peser dans la balance en période de crise et de déclin de l’activité du port normand.

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