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« La première préoccupation des fabricants de parfums est de proposer des produits sûrs »

alain_grange_cabane.jpgAlain Grange-Cabane, Président de la Fédération des entreprises de la beauté (anciennement Fédération des Industries de la Parfumerie).

Utilisés dans l’industrie cosmétique, les phtalates font débat. De quoi s’agit-il précisément ?

Les phtalates sont une famille d’ingrédients très variés et utilisés dans divers secteurs économiques. L’industrie cosmétique européenne n’utilise qu’un seul phtalate : le diethylphtalate (DEP). Le DEP est utilisé principalement pour « dénaturer » l’alcool dans les parfums, c’est-à-dire pour les rendre – conformément à la loi – impropres à la boisson.

Quels sont leurs effets sur la santé ?

La Communauté scientifique considère que le DEP, pour cet usage, ne présente aucun risque pour la santé humaine (avis du SCCP-Comité scientifique européen démontrant que les concentrations utilisées sont très éloignées de la zone toxique, en juin 2002 et mars 2007).

Qu’indique la réglementation pour protéger le consommateur ?

Les produits cosmétiques sont strictement encadrés par une réglementation très précise qui, pour protéger de manière uniforme le consommateur, est la même en France et dans toute l’Union européenne (Directive européenne dite Directive « Cosmétiques »). Le fait qu’un produit cosmétique ne doit pas nuire à la santé humaine est inscrit à l’article 2 de la Directive « Cosmetiques ».

Cette réglementation définit entre autres, la liste des substances interdites (plus de 1.000 substances), la concentration maximale à laquelle certains ingrédients peuvent être utilisés en toute sécurité et la liste restrictive des colorants, conservateurs et filtres solaires qui peuvent être utilisés dans les produits cosmétiques.

Ces listes sont régulièrement actualisées pour tenir compte des avancées scientifiques.

La réglementation définit également les « Bonnes Pratiques de Fabrication » (BPF) que doivent respecter les entreprises cosmétiques : les BPF fixent des normes pour garantir la qualité du processus de fabrication. La réglementation impose enfin l’étiquetage des nombreuses informations qui sont utiles au consommateur.

Comment peut-on être certain qu’un produit respecte cette réglementation ?

Avant de proposer un produit cosmétique au public, chaque fabricant a l’obligation d’établir un dossier complet, validé par un évaluateur de la sécurité et tenu à la disposition des Autorités (AFSSaPS et DGCCRF), lesquelles peuvent venir le contrôler à tout moment.

Ce dossier doit contenir la formule qualitative et quantitative du produit,les spécifications physico-chimiques et microbiologiques des matières premières et du produit cosmétique,les données relatives aux expérimentations sur l’animal de laboratoire,la description des conditions de fabrication et de contrôle, mais aussi l’évaluation de la sécurité pour la santé humaine du produit fini,le nom et l’adresse des personnes qualifiées responsables de l’évaluation de la sécurité pour la santé humaine ainsi que leur niveau de qualification professionnelle, les éventuels effets indésirables du produit cosmétique sur la santé humaine,les preuves de l’effet revendiqué.

Chaque dossier peut être, à tout moment et sans préavis, examiné par les Autorités Sanitaires qui disposent de trois corps d’inspections compétents : les inspecteurs de l’AFSSaPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), les médecins-inspecteurs et les pharmaciens-inspecteurs de Santé publique de la Direction Générale de la Santé, les inspecteurs de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes).

Ces autorités peuvent, à la moindre suspicion, ordonner que le produit concerné soit retiré du marché.

Les fabricants de parfums ne sont-ils pas réticents à modifier la composition de leurs produits ?

La première préoccupation des fabricants de parfums (comme de cosmétiques) est de proposer des produits sûrs.

Ils doivent bien entendu respecter la réglementation cosmétique. Les fabricants de compositions parfumantes suivent par ailleurs des règles d’autodiscipline établies par l’IFRA, l’international Fragrance, Association, dans un Code de Bons Usages. Ces règles comprennent notamment des recommandations sur l’usage ou le non-usage de certaines substances, recommandations fondées sur des évaluations toxicologiques.

Tous les composants utilisés dans un parfum figurent-ils sur l’emballage du produit ?

La liste des ingrédients figure sur l’emballage de tous les produits qui entrent dans la catégorie des produits « cosmétiques », ce qui inclut les parfums. C’est une mention obligatoire.

Tous les ingrédients sont mentionnés, d’après leur nom scientifique (celui de l’INCI, la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques, publiée par la Commission européenne).

La seule exception concerne les compositions parfumantes, qui apparaissent sous la mention générique « parfum » ou « aroma ». Toutefois, 26 substances qui ont été identifiées comme allergènes sont systématiquement mentionnées quand elles entrent dans la composition d’un produit.

1 déodorant sur 5 contient de l’aluminium. Y-a-t-il un risque pour la santé ?

L’hypothèse d’un lien entre les sels d’aluminium des déodorants et le cancer du sein a été formellement démentie. D’abord, par une étude scientifique américaine portant sur 1.600 femmes (Mirick et al., Journal of National Cancer Institute, 16 octobre 2002). Dans le même sens, un rapport conjoint de l’AFSSaPS – AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments)-InVS (Institut de Veille Sanitaire) de novembre 2003 conforte les conclusions formulées en 1997 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : en l’état actuel des connaissances, les sels d’aluminium utilisés dans les antiperspirants ne peuvent pas être considérés comme cancérigènes.

Les tests cosmétiques sont-ils toujours effectués sur des animaux ?

Non. La Directive européenne dite Directive « Cosmétiques » interdit les essais des produits cosmétiques sur l’animal depuis septembre 2004. En ce qui concerne les produits finis, la Directive ne fait que confirmer les décisions prises spontanément par la profession : de longue date, plus aucun produit cosmétique fini n’est testé sur l’animal.

En revanche, pour les matières premières (qui sont utilisées aussi bien en cosmétique que dans d’autres industries), on ne dispose pas encore de toutes les méthodes « alternatives » (de remplacement) qui pourraient garantir la sécurité des consommateurs. C’est la raison pour laquelle les interdictions qui figurent dans la Directive « Cosmétiques » sont prévues pour entrer en vigueur au plus tard en 2009 et 2013.

L’interdiction ne deviendra donc effective qu’au fur et à mesure de la validation par l’ECVAM (Centre européen pour la Validation des Méthodes alternatives) des méthodes alternatives aux tests sur l’animal. En attendant, l’industrie de la parfumerie-cosmétique finance de lourds projets de recherche en vue de s’affranchir des tests sur l’animal sans compromettre la sécurité du consommateur.

> Pour en savoir + :

Opinion on phthalates in cosmetic products

What is the IFRA code of practice ?

Site Internet de la Fédération des entreprises de la beauté

Parlons Cosmétiques

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